«Al Jazeera, une télévision faite par des riches apolitiques pour des pauvres politisés» Un homme politique palestinien On connaît assez la chaîne Al Jazeera et sa ligne éditoriale, mais on connaît moins ses journalistes vedettes. La télévision privée qatarie regroupe en fait 40 nationalités dans ses effectifs. C´est la télévision la plus cosmopolite sur la planète. On entretient la télévision comme une compagnie aérienne. Toutes les langues sont représentées dans le service afin de servir l´ensemble de la demande mondiale. Sur Al Jazeera c´est la même chose. Chaque région a une mission bien établie et c´est ce qui fait la force de cette boîte d´allumettes comme l´a surnommée le président égyptien Hosni Moubarek. Les Anglo-saxons dans la technique, les Asiatiques dans la logistique et les services, les Européens dans les télécommunications et les Arabes dans la rédaction et dans la présentation. Le plus étonnant est que la majorité des journalistes vedettes arabes viennent de pays qui n´ont pas d´ouverture audiovisuelle réelle. C´est le cas du Jordanien Wadhah Khanfar, directeur de la chaîne, mais aussi de journalistes venus de Syrie, d´Egypte, d´Algérie, de Tunisie ou de Palestine. Même si leurs pays respectifs n´offrent pas un exemple en matière d´ouverture audiovisuelle, ces journalistes restent les meilleurs ambassadeurs de la liberté d´expression pour le monde arabe, dans leur pays. Des noms devenus même des exemples mondiaux pour la liberté, à l´image du Syrien Tayssir Allouni, un journaliste qui était établi en Espagne, producteur sur la chaîne privée espagnole EFE et qui travaillait comme correspondant d´Al Jazeera à Kaboul. Il a été emprisonné en Espagne, parce qu´au nom de la liberté d´expression et de l´information, il a refusé de livrer des détails sur l´interview exclusive que lui a accordée Oussama Ben Laden. L´Egyptien, Ahmed Mansour, présentateur vedette de l´émission la plus détestée des pays arabes, «Bila Houdoud», est également un autre exemple. C´est le seul journaliste d´Al Jazeera qui n´est pas venu de la radio BBC Arabic. Il travaillait dans la presse écrite dans une revue koweitienne El Moudjtamaâ. Il est connu pour ses questions gênantes qui ont mis en colère plus d´un haut responsable. Dans une rétrospective, assez complète mercredi dernier, Ahmed Mansour montrait les meilleurs moments de sa carrière à Al Jazeera. Cela va du général, commandant en chef du corps américain en Irak, Kemit, au ministre des Affaires étrangères qatari. Une façon de démentir que la chaîne Al Jazeera ne pouvait inviter et malmener des responsables qataris. Mais le meilleur exemple offert reste celui du comédien Egyptien Mohamed Sobhi qui a déclaré que tous les présentateurs vedettes d´Al Jazeera avaient des masques. Il a pu ainsi imiter à la perfection, le présentateur vedette de l´émission polémique «Itidjah Mouaâkiss» Ahmed Kassem. Une émission qui met en scène deux opposants sur un sujet brûlant de l´actualité et qui sert souvent de terrain pour un échange parfois violent entre invités. Mais d´autres vedettes de la chaîne sont devenus irremplaçables comme Djamil Azr, recruté comme perfectionniste linguistique de l´arabe et qui a créé le fameux slogan «l´opinion et l´opinion contraire». Il y a encore Ahmed Rayane, le journaliste palestinien ou encore Abdelkader Ayad, l´Algérien ou Walid El Oumari le Palestinien. A cela s´ajoutent les femmes vedettes, telles Khadidja Benguenna l´Algérienne et Laïla Chahid la Tunisienne. [email protected]