La chaîne qatarie n'est malheureusement pas à son coup d'essai. Et au-delà du fait que cette chaîne n'a jamais caché le lien presque “intime” avec l'organisation de Ben Laden dont elle est devenue le porte-drapeau, elle a ostensiblement souligné dans son offensive médiatique contre les pays arabes, une animosité toute particulière à l'égard de l'Algérie. Mercredi, premier jour de l'Aïd, la télévision algérienne s'est départie de sa réserve légendaire pour réagir, dans le J T de 20 heures, à ce qu'il convient d'appeler “l'immoralité” de la chaîne qatarie Al Jazeera. À travers le cynique sondage mis en ligne sur son site Internet, Al Jazeera ne s'est pas livrée seulement à une provocation qui cautionne le meurtre, mais a mis en scène l'apologie terroriste la plus obscène. La réaction du premier responsable de l'ENTV, Hamraoui Habib Chawki, demeure en tout état de cause l'expression d'un sentiment largement partagé par les Algériens et procède manifestement d'un assentiment général duquel ne pourrait se soustraire l'Algérie officielle. Le directeur général de la Télévision algérienne déclarait à propos du sondage qui demandait aux internautes s'ils étaient pour ou contre les attentats d'Alger qu'“une question posée de cette façon, n'est pas seulement une manœuvre ou une justification des attentats terroristes, c'est surtout une couverture, une connivence et une alliance”. Hamraoui Habib Chawki qualifiera ce sondage de “grave dérive” qui a transformé cette chaîne en porte-parole officiel d'Al Qaïda et du terrorisme. Hamraoui lancera un appel au gouvernement, aux partis politiques, à la société civile, “à prendre des positions qui puissent sauvegarder l'honneur de nos martyrs”. “Inacceptable”, ne cessera de répéter le directeur de l'ENTV, estimant que “quelle que soit la liberté de ton dans le traitement des questions problématiques dans le monde arabe, on ne peut pas traiter ce genre de question de cette façon-là.” La chaîne qatarie n'est malheureusement pas à son coup d'essai. Et au-delà du fait que cette chaîne n'a jamais caché le lien presque “intime” avec l'organisation de Ben Laden dont elle est devenue le porte- drapeau, elle a ostensiblement souligné dans son offensive médiatique contre les pays arabes, une animosité toute particulière à l'égard de l'Algérie. Sa ligne éditoriale volontiers tendancieuse quand il s'agit de relater les “hauts faits” du terrorisme international prend des contours plus prononcés et macabres quand celui-ci cible l'Algérie. Al Jazeera enfonçait déjà en 2005 les portes de l'indécence en légitimant le meurtre par Al Zarqaoui des deux diplomates algériens en poste à Bagdad, mettant en scène la prise d'otages puis leur exécution comme un coup d'éclat d'Al Qaïda. La chaîne qatarie s'en donnera également à cœur joie pour passer en boucle l'horreur des attentats du 11 avril 2007 contre le palais du gouvernement. L'ex-GSPC est mis en vedette au fil des événements tragiques qui secouent l'Algérie. La chaîne trouve toujours l'analyste de service qui cautionne doctement au nom d'une liberté d'expression “made in Qatar” l'assassinat des innocents. Curieusement, tout ce que compte les pays arabes en opposants portant exclusivement l'étendard islamiste défilent sur les plateaux de Doha, sauf bien sûr, ceux qui viendraient à s'opposer à l'émirat du Qatar. Voilà donc le pluralisme politique dont se réclame El Jazeera. On aurait pu trouver du bon dans les débats démocratiques et contradictoires qui nous sont servis admirablement par cette chaîne satellitaire, n'était ce flagrant parti pris en faveur des pays du Golfe et du royaume chérifien. En effet, l'image médiatique idyllique dont se réclame Al Jazeera est malheureusement écornée singulièrement par son allégeance aux uns et l'expression de sa gratitude aux autres. N'est-ce pas que cette chaîne s'est crue en devoir de renvoyer l'ascenseur au régime de Rabat en ralliant sa politique sur le Sahara Occidental quand il lui offrit un refuge dans les pays du Maghreb ? Pour une chaîne privée qui claironne à travers le monde entier son statut d'entreprise privée et son indépendance, personne n'ignore que la chaîne El Jazeera est financée par l'émir du Qatar. À ce titre, la chaîne ne reconnaît à cet intouchable leader arabe aucun opposant. Peut-il en être autrement quand l'existence de cette chaîne reste tributaire du degré de soumission de sa ligne éditoriale au strict respect des régimes monarchiques du Golfe et du Maroc ? À ce qu'on sache, le régime de cheikh Hamad ben khalifa Ettani est loin d'être un modèle de démocratie et de liberté d'expression. Pourtant, jamais au grand jamais on a vu un journaliste d'Al Jazeera se permettre le moindre écart de langage, la moindre des critiques, la moindre réserve à son égard. Ceci pour dire que le directeur de l'ENTV Hamraoui Habib Chawki a entièrement raison d'appeler les plus hautes autorités de l'Etat algérien à prendre une position. Autrement dit, à interpeller officiellement l'émirat du Qatar sur ces graves dérives d'une chaîne sur laquelle il a pleine autorité. Et c'est incontestablement le cas. Preuve en est, la réaction de la Tunisie, qui, rappelons-le, est allée jusqu'à fermer sa représentation diplomatique au Qatar en signe de protestation contre l'offensive qui avait été menée contre elle par Al Jazeera. Le résultat on le connaît : la chaîne a mis un véritable bémol à ses vociférations. Mais là ne doit pas s'arrêter le propos, car il ne s'agit pas de mettre fin aux attaques d'Al Jazeera dirigées contre l'Algérie, mais d'engager une action dans la lutte contre le terrorisme international dont Al Jazeera s'est fait le porte-parole. Zahir Benmostepha Lire tout le dossier en cliquant ici