En droit, lorsqu´on trouve de la came à l´arrière d´un gros bus on ne peut poursuivre quelqu´un qui se trouvait à l´avant. Salima Kirat s´occupe ce mercredi de l´audience pénale du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d´Alger), Akila Bouacha est, elle sur le siège du ministère public. Deux jeunes sont poursuivis pour détention, usage et commercialisation de stups. Le premier détenu, un receveur de J9 raconte ce qui s´es passé le jour où il avait été interpellé. Selon sa version, il aurait rencontré le codétenu, un ancien voisin et nous... «Qu´a-t-on découvert sur vous à Rostomia?» coupe la présidente qui n´est pas convaincue du «bavardage». «Ce que j´ai déclaré au procureur de la République, je l´ai fait pour confirmer ce que j´ai dit à la PJ, à savoir que le jour où mon ancien voisin est allé acheter la came, j´étais avec lui», ajoute, la peur au ventre le détenu. «Je vous relis ce que vous aviez déclaré durant les auditions, les cinq», insiste la juge. Le premier inculpé nie tous les faits. Il le dit sincèrement, les mains derrière le dos et affuble Kirat, de...oustada (Maître), oubliant qu´elle est raïssa (présidente). Ce n´est pas moi. Je suis receveur et serveur au café la nuit. Je ne fais que bosser». Le second inculpé dit avoir reconnu le délit sous la contrainte. «Le procureur de la République vous a torturé, battu, humilié?» lance Kirat qui commence à ne plus supporter ce qu´elle entend qui va à contresens de ce qu´il a déclaré devant la procureur général et le procureur de la République. «Trois ans ferme», marmonne Bouacha. Le premier détenu proteste. Kirat le somme de se taire. Le détenu se terre! Pour ce dernier, Me Hakim Moudha établit son intervention sur les trois chapitres: primo, c´est un receveur de bus sur la ligne Bouzaréah - Aïssat Idir, secondo, il a été pris alors qu´il bossait dans un bus où n´importe qui monte et descend à sa guise. Il y avait beaucoup de monde à douze heures quinze. C´était le moment de la pause-déjeuner. Les deux voisins s´en vont bouffer et se rafraîchir. Tercio, le bus redémarre plein de voyageurs. A Rostomia, deux policiers montent à l´arrière et découvrent les stups du second inculpé qui n´était pas encore descendu, attendant que tous les voyageurs en fassent de même. «Donc, en droit, si la drogue a été trouvée chez le second assis à l´arrière du bus, elle ne pouvait donc pas être trouvée sur celui qui était devant», s´est écrié l´avocat qui a demandé la relaxe même s´il avait la conviction que Kirat allait s´accrocher aux seules déclarations favorables à l´inculpation et que le conseil y relève des propos contradictoires. Une semaine après, une année de prison, assortie du sursis et cinq mille dinars d´amende.