Deux avocats défendent deux prévenus pour détention et commercialisation de drogue... Ils veulent éviter le grave délit de trafic de came. Le prévenu ayant écopé d'une peine d'emprisonnement ferme de deux ans pour détention et usage de stups était, ce lundi, carrément out. Debout face au trio Amel Benrekiya, Akila Boublata, Assia Mahsar, de la troisième chambre correctionnelle de Blida, Saïd K. ce jeune tôlier était vraiment coincé. De suite, il prétend être malade. «Ce qui explique qu'on ait trouvé chez moi quinze cachets psychotropes» marmonne-t-il. Comme d'habitude, apparemment vigilante, Boublata reprend sans lui donner le temps de se remettre de ses émotions, nées de la détention provisoire: «Mais on a trouvé trente demi-cachets, deux grammes de drogue traitée et plus de un million de centimes en argent de poche. «Qu'en pensez-vous?», articule la présidente qui ne quitte pas des yeux Ghania Kaddache, la procureure générale de l'audience, une coriace poursuivante, jamais facile à affronter: «Je suis tôlier. La somme trouvée chez moi représente le gain de deux jours de bricolage au garage», répond, pour sa défense, le détenu qui va mal passer tout le temps pris par un interrogatoire précis et nous écrirons pointilleux. Interrogatoire mené par cette douce présidente, sûre de ses questions mais pas entièrement satisfaite de certaines réponses avec ce souci de vite en terminer avec ce dossier pas si costaud, car dans les six grosses piles bien en vue sur le pupitre, il y a de drôles d'affaires de drogue, de coups sur ascendants, de tentatives d'agression à l'arme blanche en vue de détrousser les gens. C'est dire si la cour de Blida avec de la prochaine ouverture de la cour de Tipaza et ses tribunaux Cherchell, Hadjout et autres Koléa, a besoin de se dépoussiérer car neuf juridictions sont ardues à digérer. Les deux avocats eux, connaissant bien cette présidente et surtout le professionnalisme de ses deux conseillères, ont mis en place une stratégie de défense, juste de quoi convaincre le trio, qu'au tribunal, le boulot avait été réalisé à l'emporte-pièce. Maître Rechache et Maître Boulfrad ont visé juste? Faut voir. Pour Bouzidi, maître Toufik Rechache tente d'avancer vers la vérité que n'a pas su afficher son client, le clandestin. Il va plaider à moins d'un mètre du pupitre du trio de juges, histoire d'être convaincant pour ce qui est de la crédibilité du contenu des procès-verbaux de la police judiciaire. Il reprendra même les ratés étalés par les enquêteurs. Il posera une question qui s'en ira mourir dans les airs à propos des déclarations de son client: «Est-ce que Bouzidi a dit la vérité? La réponse est oui», a souligné l'avocat d'El Affroun qui a ajouté que son client est un taxi-driver qui «gagne bien sa vie et donc n'a pas besoin de s'adonner au trafic de drogue», a conclu l'avocat qui a redit l'innocence de Bouzidi qui ne peut pas être un commerçant de drogue puisqu' «il n'a jamais eu et donc détenu la drogue.» Il n'y a aucune preuve en plus, car Bouzidi n'a aucune relation avec ce dossier et son seul tort aura été de transporter «Slimane qui avait sur lui ce qu'il a appelé des... médicaments». Maître Djamel Boulfrad sera le dernier intervenant dans cette affaire pour balancer, de suite, que l'Etat de droit commence par le respect de la présomption d'innocence. «La volonté des policiers a mené mon client vers la taule. Pourtant, en répondant aux questions précises durant l'enquête préliminaire, il n'a jamais été question de détention, de commercialisation, ni encore des termes de la loi n°04-18 du 25 décembre 2004 et encore moins de l'article 17 qui évoque un bouquet de verbes dangereux», a expliqué le conseil qui a placé une banderille en direction du ministère public dont la représentante, Ghania Kaddache, a réclamé une peine plus rugueuse en articulant, le front haut: «Aggravation de la peine!» En mettant en examen ce dossier, Boublata a toujours peur de se jeter à l'eau en décidant sur le siège, a préféré prendre ses distances avec la tuante rumeur.