Encore sonné, l´époux a balayé du revers de la main l´accusation dont il n´arrive pas à saisir la portée. Qu´a donc pris F.R. pour aller taper chez une vieille dame au Champ de manoeuvres et...manoeuvrer en vue de s´emparer de bijoux appartenant à la Hadja vite secourue par des voisins dont il faut saluer le courage et la célérité pour sauver la voisine en danger? Le tribunal criminel lui, l´a su et a tranché sur le vif...le tribunal criminel d´Alger continue son petit bonhomme de chemin. Quotidiennement, nos magistrats dépoussièrent énormément d´affaires enfouies dans des rôles pas possibles, en évitant de faire dans la justice expectative. Et là, chers fidèles lecteurs de cet espace, croyez-nous: ça y va et pas de main morte! Le dernier procès auquel nous avions assisté traitait d´un dossier où deux crimes étaient en bonne place: «Vol qualifié et usurpation de fonction.» Les graves faits de ce triste épisode où une mère de famille F.R. s´était présentée chez la vieille D.M. 84 ans en qualité de fonctionnaire de Sonelgaz, de passage pour un relevé de compteurs de gaz et électricité. Une fois à l´intérieur, la bonne dame sort un couteau et exige la remise de bijoux. Cris, alarme, pleurs parviennent chez les voisins nombreux sur le périmètre de la place de la Concorde de Sidi M´hamed-Alger; c´est la ruée de courageux voisins qui arriveront à neutraliser ce «bandit» d´un autre genre. «Je n´ai fait que suivre les instructions de mon époux» avait reconnu devant le magistrat d´instruction à qui madame avait cité sa moitié. Devant le tribunal criminel F.R. revient sur ses déclarations et mit hors de cause son époux et sauvant ainsi ses enfants qui auraient perdu leurs parents pour un bon bout de temps. D´ailleurs, encore sonné, l´époux a balayé du revers de la main l´accusation dont il n´arrive pas à saisir la portée. «Pourquoi a-t-elle fait ça?», s´était-il exclamé à l´issue du verdict qui n´était pas du tout celui du ministère public qui avait vu la peine demandée, aller de dix ans à cinq pour l´accusée. La cassation avait d´ailleurs été le point de mire du procureur général, car n´étant pas o.k. avec la sentence du tribunal criminel souverain. Il est vrai qu´au vu des articles 295 (loi n°82-04 de février 1982) portant sur l´inviolabilité du domicile et le 350 (vol), il est sèchement disposé que pour la violation du domicile, «tout individu qui s´introduit, par surprise ou fraude, dans le domicile d´un citoyen ou qui y fait intrusion est puni d´un emprisonnement de un à cinq ans et d´une amende de mille à dix mille dinars». Lorsque le délit est commis, accompli à l´aide de menaces (ce qui est le cas de F.R.l´accusée, ou de violences, la peine est de cinq ans au moins à dix ans au plus d´emprisonnement et de cinq mille à vingt mille dinars d´amende. Ce qui signifie pour ce procès, que les délibérations des membres du tribunal criminel ont porté sur le 295 beaucoup plus que le 350 car de vol, point, les voisins accourus avaient fait échouer la scabreuse entreprise. Car mon Dieu, comment expliquer le courage des aveux débités diaboliquement par cette mère de famille qui était allée jusqu´à se permettre de raconter en audience comment elle écoutait aux portes, pour être sûre que l´appart était inoccupé! Et au moment où elle se rendit compte que là où la vieille dame s´y trouvait, elle prit la résolution de taper...La suite, nous la connaissons!