«Alger est devenue dans les années 60-70 la Mecque des révolutionnaires africains et d´Amérique latine.» Amilcar Cabral C´est officiel, l´auteur du documentaire, qui immortalisera le Festival panafricain 2009 et qui succédera à William Klein, sera un inconnu de la scène audiovisuelle algérienne et même internationale: Chergui Kharroubi, un réalisateur algérien installé à Bruxelles en Belgique et qui a à son actif un seul documentaire connu et reconnu Sauve qui peut la nuit, une sorte de chronique nocturne sur la vie et la mort des malades du troisième âge dans un hôpital belge. Ce documentaire, coproduit par Rtbf et Télé Liège, a été réalisé en 1990, soit il y a presque 20 ans. Pourquoi l´Etat algérien a choisi ce réalisateur sans expérience internationale pour prendre en charge un projet aussi pharaonique que le Festival panafricain 2009 d´Alger? N´y a-t-il pas de documentaristes en Algérie plus expérimenté pour prendre en charge une telle entreprise? Car pour filmer le Panaf, il faudrait être au moins engagé dans une cause. Il faut connaître la culture algérienne et surtout africaine pour savoir quelle est l´image la plus appropriée pour capter définitivement le Panaf. Pour filmer le Panafricain, il faudrait avoir aussi une culture politique ou du moins en afficher l´ambition. Est-il le cas pour Chergui Kharroubi? Car avant de venir tourner en Algérie, William Klein devait donner les preuves de son attachement à la cause algérienne et au combat qui avait fait à l´époque sa réputation de «Mecque des révolutionnaires». C´est d´ailleurs, le Président Boumediene qui donna même son O.K. pour la venue de William Klein. Le Président Boumediene et même le ministre du MJS à l´époque, Abdelaziz Bouteflika, avaient apprécié son documentaire Les Français et la politique, diffusé dans le cadre des émissions Cinq colonnes à la une et qui a été censuré par les autorités françaises. Avant de faire le Panaf de 1969, William Klein avait fait d´autres documentaires qui témoignaient de son engagement pour la cause des Noirs: Muhammad Ali, the Greatest (1969), ou encore un portrait d´Eldridge Cleaver, le dirigeant des Black Panthers alors exilé à Alger. Mais aussi un doc qui dénonce le colonialisme comme Loin du Vietnam (1967), film collectif réalisé par des cinéastes français plus engagés à gauche, Godard, Marker et Lelouch. Mais Boumediene voulait surtout Klein parce qu´il avait majestueusement filmé le Festival mondial des arts nègres de Dakar en 1966, qualifié même d´opéra du tiers-monde. Y a pas photo entre Chergui Kharroubi et William Klein. Ce qu´on sait, en revanche, c´est que le producteur du documentaire est Salem Brahim, un jeune et talentueux producteur à qui on doit déjà le fabuleux film Cartouches Gauloises de Mehdi Charef. Salem Brahim est, comme le jeune réalisateur algérien Karim Bensalah, un enfant de diplomate, un environnement dans lequel on est appelé à découvrir la culture des autres et surtout à épouser les senteurs et les idéologies colorées. Mais réussira-t-il son pari? C´est tout ce qu´on lui souhaite en tout cas. [email protected]