«Quand c´est la loi de la jungle qui s´instaure, c´est un honneur que d´être déclaré hors-la-loi.» Hervé Bazin. Loin de moi l´idée de vous faire rappeler nos tendres années quand vous pilliez avec avidité les bibliothèques et les librairies pour remplir le grand Ténéré qui nous sert de cerveau. Loin de moi l´idée de vous emmener dans un périple nostalgique vers la fin des années 40, quand Sabu incarnait dans le merveilleux film d´Alexandre Korda, le personnage fabuleux de Mowgli. Non, je ne vous parlerai pas non plus de ce livre de contes puisés dans la sagesse de l´Orient mystérieux duquel Rudyard Kipling s´est beaucoup inspiré pour nous narrer les aventures de personnages restés célèbres dans l´histoire de la littérature universelle. Car si le Livre de la jungle relate les aventures d´un jeune garçon élevé par les loups, ce n´est qu´un prétexte pour nous de décrire la société de la jungle qui ressemble à s´y méprendre à celle des hommes. D´ailleurs, il est étrange et surprenant quand on s´aperçoit que les traditions indienne et romaine établissent une parenté entre la société des hommes et celle des loups: Remus et Romulus, tout comme Mowgli, ont connu les attentions maternelles d´une louve. Alors que la société des loups est organisée dans la meute selon une hiérarchie bien établie basée sur la force et le respect du plus fort, la société des hommes, par contre, a, peu à peu abandonné toute référence à la force physique et l´a remplacé par un consensus général appelé démocratie qui conjugue à la fois liberté de choix et connaissance de la nécessité. Si sur le papier, tout va bien, dans la réalité, hélas, il en est tout autre et la société des hommes continue à ressembler sans s´y méprendre à celles qui peuplent les profondeurs de la jungle. La jungle d´asphalte! comme aurait dit ce célèbre cinéaste américain qui a réalisé un film sur le pouvoir parallèle dans les métropoles urbaines. Ainsi, on peut vérifier, chaque jour, que la raison du plus fort est toujours la meilleure: dans le voisinage, les gros bras, les grosses voix, les familles nombreuses à forte dominante mâle, exercent des groupes de pression effectifs. Ainsi, cela se confirme dans l´occupation de l´espace public ou collectif, que ce soit les caves des immeubles, ou dans les places de stationnement. On met un cadenas, on plante un piquet et cela devient une propriété privée. Le long des artères, c´est plus grave: les trottoirs réservés à la libre circulation des citoyens est encombrée par des marchandises entreposées à ciel ouvert au vu et au su des représentants de la loi qui semblent inaccessibles à tous. Comment attirer leur attention? C´est la question que se posent tous ceux qui ont été élevés dans le respect des autres et des textes. Et il paraît que cette loi de la jungle devient encore plus contraignante dans le monde des affaires, des grosses affaires où le gros poisson mange le petit. Dans ce monde-là, le livre de la jungle devient le monde du silence.