Saleh est un vendeur de livres d?occasion à l'esplanade de la Grande-Poste à Alger. Il est étudiant en philosophie à l?université et il a 23 ans. Dans cet entretien, il nous parle de sa passion, de la lecture en Algérie, du prix du livre et de ses problèmes. Etre étudiant et vendeur de livres en même temps, est-ce difficile ? Non, pas du tout, il suffit d?aimer son métier. J?aime lire et le livre est mon meilleur ami. En outre, c?est une source d?argent pour moi, parce que je n?ai que ma bourse d?étudiant. Pour mes études, je me débrouille pour avoir les cours. A votre avis, les Algériens lisent-ils encore ? C?est difficile de répondre. Mais, à mon avis, l?Algérien est disposé à lire quand ses moyens le lui permettent, je veux dire s?il est capable d?acheter ce qu?il veut lire. Moi, par exemple, je reçois des dizaines de clients par jour, les prix que je pratique sont très modestes, alors que, à quelques mètres d?ici, il y a un libraire qui ne vend pas plus de 5 livres par jour. Ses prix sont exorbitants. A propos des prix, sont-ils à la portée de tout le monde ? ça, je peux l?affirmer tout de suite, le livre reste très cher en Algérie et rares sont ceux qui peuvent lire ce qu?ils veulent. Demandez à n?importe qui pourquoi il ne lit pas, il vous dira que c?est à cause des prix. Les raisons à votre avis? Elles sont nombreuses. Les importateurs, très peu d?ailleurs, sont contraints de revendre à des prix très élevés à cause des taxes douanières et l?Etat ne subventionne plus le livre comme avant ; bref c?est toute une problématique. Quels sont les livres les plus vendus chez vous ? C?est d?abord le roman qui marche bien, contrairement à l?idée reçue, ensuite il y a le livre religieux qui est demandé par une certaine catégorie de lecteurs (étudiants en sciences islamiques, chercheurs?) En troisième lieu, il y a les livres scientifiques et techniques. Quels sont les problèmes que vous rencontrez ici ? C?est d?abord l?espace. On n?a pas suffisamment de place pour exposer nos livres. Il y a aussi le problème des intempéries. A la moindre précipitation, c?est toute la marchandise qui risque d?être abîmée. J?ai, maintes fois, saisi les autorités locales pour avoir mon propre kiosque, en vain. Un dernier mot... J?espère que les Algériens reprendront la curiosité de lire parce qu?une société qui ne lit pas est une société qui se meurt.