«Les compliments, c´est bien beau, c´est bien agréable, mais on ne sait jamais si c´est sincère, tandis que les insultes, ça vient du coeur.» Marc-André Poissant "Extrait de Le Divorcé ou la naissance d´un comédien" Si l´Amérique possède son Hollywood, l´Inde son Bollywood, l´Algérie possède son «Ramadhanwood». Ce n´est pas le nom d´un studio, mais d´une période de l´année où les artistes algériens font le plein en réalisant le plus de productions possibles. C´est aussi la période où ils gagnent argent et célébrité. Depuis quelques années, l´Algérie a atteint l´autosuffisance durant la période du Ramadhan, en présentant un programme audiovisuel composé de 70% de production nationale. Elle est passée d´un feuilleton à 7 productions durant seulement le mois de Ramadhan et 15 feuilletons durant toute l´année. Deux à trois feuilletons dramatiques: cette année la concurrence va opposer Amar Tribèche à Baya El Hachemi. Un troisième feuilleton va être présenté en deuxième partie de soirée, il s´agira probablement du feuilleton historique Aïssat Idir. Dans la catégorie des séries comiques, cette année la concurrence va opposer la série Djemaï Family conduite par Souileh au Souk de Hadj Lakhdar, conduite par Lakhdar Boukhers. Ce dernier est en train de tourner en catastrophe ses derniers épisodes. Car contrairement à l´année précédente, Hadj Lakhdar sera diffusé la deuxième quinzaine de Ramadhan comme le fut le cas de la Famille Djemaï de Djaâfar Gassem, l´année dernière. Comme dans la fable de La Cigale et la fourmi, les artistes algériens ne travaillent qu´un seul mois dans l´année. C´est durant ce mois sacré du Ramadhan, qu´ils arrivent à trouver du travail et se faire une notoriété. La plus grande partie des artistes chôment durant les 11 mois de l´année. C´est le cas, notamment de Aâdjaïmi et Farida Saboundji, qui sont restés confinés dans des rôles de feuilletons et ne sont pas sollicités pour des rôles au cinéma ou dans des productions indépendantes. De son côté, Souileh et surtout Athmane Bendaoud, ne sont sollicités que par un seul réalisateur, Djaâfar Gassem et cela pour la série Djemaï Family. Aucun autre réalisateur n´a cru bon recruter le comédien qui a interprété le rôle du Docteur Malek dans Maouid maâ el kadar. Bien qu´imposant dans son rôle, Athmane Bendaoud travaille moins que son jeune frère qui interprète plusieurs seconds rôles dans d´autres feuilletons et séries algériennes. Enfin Lakhdar Boukhers ne joue que dans ses propres productions, ce qui lui permet de prendre le premier rôle et d´effacer les autres guests-stars. En revanche, certains comédiens ne travaillent que pour la publicité ou les courts métrages. Ceci au moment où d´autres comédiens qui ont interprété des rôles dans des films produits par des Français, refusent aujourd´hui de revenir aux séries loufoques de Hadj Lakhdar ou aux feuilletons chorba de Amar Tribèche. C´est le cas notamment de Biyouna et Rym Takoucht, qui avaient soigneusement réussi leur entrée dans l´univers du cinéma algérien d´outre-mer, avec Nadir Moknache et Lyès Salem. Aujourd´hui, même s´il n´y a pas de place pour tout le monde, la profession de comédien en Algérie est divisée en clan et en classe. Il y a les comédiens protélévision, les artistes procinéma et les artistes procinéma français. Chacun défend son gagne-pain et son tuteur audiovisuel et identitaire. [email protected]