Le zapping, c´est à domicile et à volonté, le pouvoir absolu: régal des petits chefs, joujou des beaufs, revanche pour les humiliés, les sans-grade. Bernard Pivot "Extrait de Le Métier de lire" Au deuxième jour de Ramadhan, les critiques commencent à surgir. Programme trop avancé après le f´tour, ce qui empêche de nombreuses personnes à suivre les premiers épisodes de Souileh et hadj Lakhdar. Programme dispatché entre quatre chaînes de télévisions et une nouvelle chaîne qui concurrence l´Entv: Nessma TV. D´ores et déjà, on peut retenir l´avancée fulgurante de la série Djemaï Family par rapport à la série Hadj Lakhdar. Dans Djemaï Family, on découvre à chaque fois une nouvelle situation et surtout une idée originale. Alors que pour Hadj Lakhdar, c´est la cacophonie. Un vrai souk où tout le monde parle, personne n´écoute et par extension personne ne regarde. Djemaï a eu le plus d´écoute ce dimanche, avec l´épisode sur la révolution. Certes Djaâfar Gassem n´a pas parodié les films américains mais bien les films algériens sur la révolution. Ainsi on retrouvera des références au film Hassen Terro de Mohamed Lakhdar Hamina, l´Opium et le bâton d´Ahmed Rachedi, Les enfants de novembre de Moussa Hadad et surtout Dar Sbitar de Mustapha Badie. L´objectif est de rassembler tous les morceaux de dialogues dans un seul scénario pour un épisode de 26 mn. Cette démarche de rewriting du cinéma algérien a été positive et surtout bien réussie. C´est tout le talent des grands scénaristes qui vient compléter le travail des comédiens. Souileh a été très bon dans son rôle de citoyen modeste à la Rouiched. C´est sans doute cette déférence qu´on va retrouver à chaque épisode. Car la force de Souileh est dans le positif mais pas imposée comme le veut l´être Hadj Lakhdar, en jouant les bons samaritains. Il est tout:le propriétaire de l´immeuble, du souk, celui qui a droit de vie ou de mort sur la vie de ses locataires. Si les scénarios de Djemaï Family sont acceptables voir crédibles, ceux de Hadj Lakhdar sont hors sujet et hors coup. Car on ne peut accepter que des locataires dans un immeuble se retrouvent presque tous des propriétaires de locaux dans un souk qui appartient à Hadj Lakhdar. Lakhdar Boukhers vit peut-être sur une autre planète, celle ou le pain est à 5 dinars et la zlabya à 10 DA. A force de bousculer les limites des choses, la réalité du terrain et la vie quotidienne, Lakhdar Boukhers se perd. Il se présente en donneur de leçons, à la place de certains ministres ou hommes politiques. Il n´est plus cet homme modeste et digne. Il s´est éloigné du petit peuple, qui le regardait en masse. Hadj Lakhdar préconise un discours de politiciens en promettant de vouloir changer les choses sans tenir sa promesse. Alors que Djemaï vit seulement les situations que lui impose son environnement entre la révolution, le western, les Indiens, les Chinois, les voleurs, les mendiants et les citoyens simples. Bref y a pas photo, comme l´année dernière, entre Hadj Lakhdar et Djemaï Family. [email protected]