L'investissement n'est plus un problème de rentabilité économique, son absence signifie la régression. La Cnep-Banque et l'Institut d'économie douanière (Iedf ) ont organisé, hier à l'hôtel Mercure, une journée d'étude sur l'investissement. Ce séminaire, d'une journée, vise deux principales idées, selon le Pr Boukrami, directeur de l'Iedf. Il faut s'adapter aux normes internationales d'une part ; et d'autre part, il est aujourd'hui établi que l'investissement n'est pas hard, mais soft. Autrement dit, explique-t-il, «l'investissement n'est pas seulement un facteur de rentabilité, mais c'est aussi le seul instrument qui assure le lien avec le progrès». Selon lui, «c'est au niveau de la ressource humaine qu'il faut investir». Partant de cette double problématique, c'est tout l'environnement de l'investissement qui a été décortiqué lors de cette rencontre à laquelle ont pris part de nombreux experts et de différentes spécialités et des universitaires. Dans l'équation de l'investissement en Algérie, la ressource humaine demeure la variable oubliée. C'est ce qui a fait dire à un intervenant, lors de ce séminaire, que la perte d'un professeur à l'Université de Bab Ezzouar est plus grave que le départ de tout un gouvernement. Les thèmes débattus ont essentiellement porté sur le foncier industriel, la fiscalité et le fonctionnement des tribunaux et du système bancaire. Intervenant à titre de modérateur, le Pr Mohand Issad a estimé le facteur déterminant pour déclencher l'acte d'investissement comme l'environnement dans lequel évoluent les opérateurs économiques, en faisant allusion aux problèmes notamment de foncier, d'accès aux crédits bancaires et à l'arbitrage international. «Je n'ai pas vu un homme d'affaires algérien exprimer sa satisfaction. Je suis à chaque fois étonné par cette façon que nous avons à occulter nos problèmes spécifiques. Je suis plus préoccupé par les investisseurs nationaux que par ceux qu'on attend vainement de l'étranger», a-t-il dit à ce propos. Pour le Pr Issad, «avant de chercher à ramener les investisseurs étrangers, il faut essayer au moins de retenir les investisseurs nationaux qui sont déjà sur place». Commentant l'évolution juridique à l'échelle planétaire, il a indiqué que la mondialisation de l'économie implique nécessairement la mondialisation du droit. «(...) Les pays demandeurs de capitaux veulent un instrument juridique unique et l'ouverture de la planète à leurs activités. C'est l'OMC pour le commerce, elles veulent quelque chose de similaire pour l'investissement.» De son côté, un universitaire s'est dit étonné de ne pas voir un plan Marshall dans le programme du nouveau gouvernement pour les mécanismes de mise en oeuvre. «On fait le diagnostic politique économique (comme c'est le cas de l'Ugta et du Cnes), mais dès qu'il s'agit de mettre en application l'arsenal juridique, on retombe dans une logique de tabous.» Notons enfin que l'activité «crédit» telle qu'exercée par la Cnep-Banque durant de longues années limite son intervention dans le seul financement des acquisitions ou des constructions d'immeubles à usage professionnel ou commercial. Dans le cadre de la refonte de ses statuts, de nouvelles procédures relatives à cette activité ont été élaborées. Le financement des investissements autres qu'immobiliers et l'exploitation étaient donc du champ de ses activités.