L'état d'urgence, la libération de Ali Benhadj et la Kabylie ont été les points essentiels abordés par le secrétaire général du RND. Ouyahia a pris 3 jours pour réussir son congrès, 30 minutes pour annoncer triomphalement sa clôture et exactement 105 minutes pour convaincre les journalistes que son parti mérite bien son retour comme force incontournable sur la scène politique nationale. Une véritable machine à labeur qui sait manier le jeu des questions-réponses en donnant l'impression d'avoir tout dit sans qu'on ait toutes les réponses. Tout en évitant soigneusement de répondre aux questions relatives à son poste de Chef du gouvernement, le Sécrétaire général du RND n'a toutefois pas pu s'empêcher de prôner le discours de patron des ministres, lorsqu'il s'agit des questions sensibles. C'est-à-dire celles concernant la privatisation, la Kabylie, l'état d'urgence, la lutte antiterroriste et aussi, Ali Benhadj, le n°2 de l'ex-FIS. En effet, le secrétaire général du RND a vertement critiqué les initiateurs du fameux communiqué des dix qui appellent à la libération de Ali Benhadj. «Cette initiative est ridicule, dont même le concerné (Ali Benhadj ndlr) doit rire.» Dans sa lancée, Ahmed Ouyahia a tenu à lever les équivoques: «Je ne dirai pas que je suis pour ou contre la libération de Ali Benhadj. C'est justement là l'absurdité des initiateurs de cet appel (...) L'un des deux leaders de l'ex-FIS est déjà chez lui, et l'autre est à quelques semaines de la fin de la peine prononcée par la justice. C'est une tentative minable de récupération afin de se positionner sur la scène politique, à l'approche de la présidentielle», dira-t-il. Le Secrétaire général du RND s'est catégoriquement refusé à en dire plus. Par ailleurs, l'autre dossier soulevé dans la conférence de presse est relatif à la levée de l'état de urgence. Pour Ouyahia, il est trop tôt pour évoquer la levée de l'état d'urgence, d'autant plus qu'«il n'entrave pas la vie politique du pays». A l'en croire, c'est une question de logistique et de volonté de vaincre le terrorisme. L'armée comme le front de lutte contre le terrorisme auquel le parti a appelé «doivent continuer leur devoir de mener cette lutte», insiste le conférencier. Pour ce qui est de la présidentielle, le RND trouve, à travers les déclarations de son patron, qu'elle ne fait pas partie des questions du jour: «Les gens qui dorment à tour de rôle chez eux ne pensent pas aux élections, ils ont d'autres priorités.» En tout cas, les éloges faits à l'Ugta, en présence de Sidi Saïd qui a partagé la vedette avec Ouyahia, ne pourront servir qu'au Chef du gouvernement qui aura en charge de régler les dossiers qui fâchent et auxquels Sidi Saïd montre une intention particulière. «Il y a beaucoup de symboles que nous partageons avec l'organisation syndicale l'Ugta. D'abord le martyr Benhamouda, le père spirituel de notre parti, puis le parcours douloureux que l'on a passé ensemble dans la lutte pour la République, ainsi que les 9 cadres nationaux dans notre parti siégeant à la tête de l'Ugta et des dizaines de cadres qui sont incontournables dans ce syndicat». Enfin, l'autre dossier et non des moindres est celui de la Kabylie. A ce propos, le secrétaire s'est félicité de l'évolution du discours du mouvement des ârchs. «Avant, les animateurs des ârchs ne voulaient pas de dialogue, mais cette fois ils ouvrent une brèche: pas de dialogue avant la libération des détenus, cela est du ressort de la justice», a-t-il conclu. Une manière de dire: oui au dialogue, mais sans aucune condition préalable.