C'est un Ahmed Ouyahia décontracté et souriant qui est venu, hier, en début d'après-midi, répondre aux questions des journalistes. Et pour cause, sa stratégie politique a payé. Il venait de boucler un congrès qui l'a porté une nouvelle fois, et pour cinq années, à la tête du RND. Il a fait adopter tous les textes de ces assises, qui reprennent la quintessence de son discours d'ouverture. Sans accroc surtout. Il a, également, soldé les comptes à ses opposants en les évinçant, démocratiquement, du conseil national. Sur les 270 élus, 110 seulement ont bénéficié d'une rallonge de confiance. Il s'agit de ses proches collaborateurs, ses amis. 160 anciens membres – dont beaucoup furent les artisans du putsch manqué – ont quitté cette instance du parti par le vote. Les instructions ont été suivies et les barrages bien dressés devant les contradicteurs. Seul Cherif Rahmani a pu sauver sa tête parce que jouissant encore d'une aura au sein de ses collègues militants de Djelfa. La bourrasque qui a soufflé sur l'instance suprême du RND a failli emporter sur son passage même quelques alliés du secrétaire général. Nouara Djaffar, Mohamed Laïchoubi, le sénateur Settouti ou encore Azeddine Mihoubi n'ont dû leur salut qu'à la volonté de Ouyahia de les repêcher dans son quota. En revanche, les Douagui, Derouaz et Guechoud, entre autres, n'ont pas été reconduits. Hier, tout le monde à El-Aurassi était d'accord pour affirmer que Ouyahia s'est taillé un “conseil national sur mesure”. Les Harchaoui, Malki, Chorfi, Berraf, Attaf, Zegrar, Yousfi, Benbouzid et autres grosses pointures du parti ont été réélus sans surprise. L'on notera, également, l'ouverture du CN du RND à la gent féminine avec la nomination de 35 femmes contre 21 dans le conseil sortant. C'est dire que sur le plan organique, Ahmed Ouyahia, tout auréolé de son poste de Chef du gouvernement, a réussi son examen en tant que SG de son parti avant celui, prochain, en qualité de responsable de l'Exécutif. Hier, il était très à l'aise devant les journalistes. Sans gêne et sans langue de bois, il a répondu à toutes les questions avec clairvoyance et perspicacité. Par rapport à la crise de Kabylie, il reconnaît que les mesures prises par les pouvoirs publics sont “insuffisantes”, estimant que le dialogue est la seule solution. A une question sur son rapprochement avec la direction de l'UGTA — Sidi Saïd a assisté à la conférence de presse — Ouyahia rappelle que feu Benhamouda était “le père fondateur du RND” et que la direction de son parti compte plusieurs responsables de la centrale dans ses rangs. Quant à l'attitude qu'il souhaite avoir avec l'UGTA, en tant que Chef du gouvernement, Ouyahia l'a résumée par cette phrase sibylline : “Ni pyromane ni dogmatique”. La présidentielle ? Ce n'est pas une priorité pour lui. “Les citoyens ne pensent même pas à cette échéance, et si vous leur demandez leur avis, ils vous diront qu'ils (les candidats) se valent…”, dit simplement le chef du RND. Pourquoi accepte-t-il les missions qu'on lui propose, y compris les plus ingrates ? Ahmed Ouyahia, reconnaissant, avoue que “la patrie m'a tout donné et maintenant je suis en train de payer la facture”. Il lancera cependant une phrase un peu ambiguë à propos de sa carrière, en déclarant : “Les jours sont longs et le temps nous apportera la réponse”. Fait-il allusion à sa candidature en 2009 pour la présidentielle ? Peut être. Interrogé sur une éventuelle guerre entre son parti et le FLN, Ouyahia tempère le propos d'un journaliste en soutenant: “Nous partageons un fond commun (novembriste) et parler de “guerre” c'est tirer le cercle à l'excès”. Aussi, ne trouve-t-il pas de problème à travailler avec une majorité FLN à l'Assemblée dès lors que les deux partis partagent beaucoup de choses, comme il le dit lui-même. H. M. A Propos de ceux qui s'agitent sur le sort de Benhadj et Abassi “C'est une démarche minable” Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique, Ahmed Ouyahia, a été incisif et corrosif à l'égard des personnalités politiques qui ont rendu publique, récemment, une déclaration où elles mettaient en garde contre le prolongement de la détention du duo du FIS dissous, Ali Benhadj et Abassi Madani. “C'est une démarche minable de positionnement”, a déclaré Ouyahia sur un ton méprisant. Le chef du RND qui, soit dit en passant, estime qu'il n'a rien à dire à propos de la libération prochaine des deux prisonniers, qualifie l'initiative de Nahnah, Djaballah, Ali Yahia et Mehri de “grotesque” et qui s'apparente, d'après lui, à “une danse du ventre”. Il souligne, par ailleurs, que Abassi est chez lui, alors que Benhadj lit quotidiennement la presse pour s'informer éventuellement sur une prétendue prolongation de la durée de sa détention. H. M.