Aujourd'hui, le ministre de l'Education nationale reçoit les membres du bureau de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves. Au lendemain d'un chamboulement sans précédent du calendrier des examens de fin d'année en l'occurrence le bac blanc. Récit: A Kouba, au lycée de jeunes filles Hassiba-Ben-Bouali régnait, hier matin, une ambiance studieuse. Toutes les élèves, penchées sur leurs pupitres, subissaient les épreuves du bac blanc. Vers 11h, quelques-unes avaient déjà terminé la première partie de l'examen pour entamer des révisions en vue d'attaquer les questions de l'après-midi. Myriem et Amel venaient ainsi de remettre leurs copies d'histoire-géographie pour plancher sur le sujet d'arabe. «Nous n'avons fait grève que mardi dernier», disent elles. «Mais, aujourd'hui, nous passons notre bac blanc.» Tout en avouant qu'elles sont «au fond mitigées entre soutenir les enseignants grévistes ou obéir au naturel instinct de préserver leur avenir». Quelques mètres plus loin, sur le trottoir faisant face au plus grand établissement secondaire d'Alger, des parents, dans leurs véhicules, attendaient quiètement la sortie de leurs filles. Ils se disent satisfaits de la scolarité de leurs enfants. «Nous saluons le sens de responsabilité de l'administration de cetétablissement», ajoutent-ils avec un grand souci de réserve comme pour éloigner «le mauvais oeil». Pourtant au lycée Hamia de Garidi, à quelques encablures du lycée Hassiba, rien ne semblait favoriser le bon déroulement des examens. La grève a été suivie. Cela résume tout le chaos qui s'est emparé des lycées d'Alger. Du fait de la grève amorcée hier par les enseignants du secondaire, sous la bannière de la Coordination des lycées d'Alger, le déroulement des épreuves du bac blanc a été, sérieusement perturbé. Ainsi dans une même circonscription, il arrivait de constater des disparités quant au suivi du mot d'ordre algérois de boycott. Cela était encore plus visible à Alger-Centre; au 1er-Mai, fief présumé de la Coordination des lycées, le lycée El-Idrissi donnait, en milieu de matinée, l'aspect désolant d'une enceinte scolaire désertée par ses principaux occupants : élèves et professeurs. Seuls quelques rares groupuscules d'élèves en blouse, de seconde et de première, se trouvaient encore là vers midi. S'ils ne sont pas concernés directement par le bac, ils ne cachent pas, néanmoins, leur inquiétude de voirs'évaporer la possibilité de boucler le troisième trimestre, tant pour le programme que pour l'examen. Quelques-uns parlent carrément de longues vacances, reprenant probablement les paroles de leurs enseignants déjà blasés. Un autre établissement secondaire et non des moindres à Alger Omar-Racim, rue Ahmed-Zabana, donnait également l'aspect d'être déstabilisé par le mouvement de grève, les épreuves du bac blanc y ont, en effet, été reportées de trois jours. Des terminales, assises sur les escaliers, prenant leur mal en patience, se désolent d'une injustice que ne manque pas de drainer dans son sillage ce boycott «à deux vitesses». «Comment se fait-il que dans certains lycées l'on a presque normalement achevé les programmes alors que dans d'autres l'on précipite les cours à coups de polycopiés.» Non loin de là, surplombant l'avenue Didouche-Mourad, le lycée du Sacré-Coeur donnait quelques signes de malaise. Tout en haut, perché sur les hauteurs du Télemly, seul le lycée Zineb-Oum El-Massakine (ex-sainte Elisabeth), semblait toiser le tumulte du centre auquel ont, par ailleurs, échappé les établissements de la proche banlieue de la capitale comme ceux des Eucalyptus ou de Djenane Mabrouk.