Partout dans la ville, on a constaté des scènes de panique. Quelques minutes après le quintuple attentat, le visage de Casablanca s'est subitement transformé. La panique et la désolation ont remplacé le visage accueillant de la capitale économique et touristique du Maroc. Vendredi soir, les Casablancais ont découvert, ahuris, leur centre-ville défiguré par les effets des déflagrations. Là où les terroristes ont frappé, des décombres jonchaient le sol, notamment aux alentours immédiats du centre israélite et tout autour de l'hôtel Safir où les victimes sont nombreuses. Les riverains, accourus après les explosions, ont vu plusieurs corps déchiquetés alors que des citadins, à des dizaines de mètres de l'endroit, ont été blessés par les débris de verre. Les Casablancais affirment que la voiture piégée qui a explosé près du cercle israélite aurait pu provoquer beaucoup plus de morts. L'endroit, habituellement très fréquenté par les Marocains de confession juive, était avant-hier, vide pour cause de Shabat. Mais le bilan, apparemment pas très lourd en ce lieu, n'enlève rien à la gravité de l'acte en lui-même, si bien que les Casablancais ne trouvent plus de mots pour le qualifier. Le premier souci de ces derniers est sans doute la terreur que suscite ce genre d'action. Une terreur encore visible hier sur les visage des passants. Des mines, qui en disent long sur l'inquiétude des Marocains, quant aux conséquences directes sur leur sécurité, mais aussi sur leur économie essentiellement basée sur le tourisme. «Je travaille dans un restaurant du centre-ville. Ces attentats vont, sans doute, négativement influer sur les affaires. Je risque de perdre mon emploi dans un proche avenir», confie un jeune Casablancais, les yeux rivés sur les décombres où l'on aperçoit des flaques de sang. Hier matin, début de week-end au Maroc, les badauds étaient nombreux à venir voir par eux-mêmes le spectacle désolant qu'offrait l'hôtel Safir. En effet, ce fleuron du tourisme casablancais a subi des dégâts assez importants au point que sa devanture, soufflée par la bombe, était méconnaissable. Le premier étage de cet établissement est en piteux état. Les mêmes scènes de désolation étaient visibles à la Casa de Espana. Mais là, le spectacle est autrement plus horrible. Plus de 18 morts ont été comptabilisés dans ce restaurant, très fréquenté par la communauté hispanique. Après l'attentat, trois têtes ont été découvertes par la police. Jusqu'à hier, les alentours du restaurant offraient une scène d'après-bombardement. Partout dans Casablanca, on a constaté des scènes de panique. Les citadins couraient dans tous les sens, et les cris des blessés se mêlaient aux sirènes des voitures de police et des ambulances. Un sexagénaire, visiblement consterné par ce qui s'est passé avant-hier, nous a déclaré: «Jamais, de mémoire de Casablancais, pareille chose s'est produite.» «Désormais, rien ne sera comme avant. C'est la fin d'une époque et le début d'une autre.» Sans commentaire.