Un voleur de voitures dans un parking dit au juge que le codétenu n´y est pour rien... Un inculpé de vol a donné les coordonnées de son complice: Abdelhakim H. de Bachdjarah (Hussein Dey, Alger). L´article 350 du Code pénal est mis en branle. L´action publique est lancée aux trousses du suspect... Les éléments de la PJ se rendent au lieu indiqué et arrêtent Abdelhakim H. qui est alors entendu, auditionné, compris par le magistrat instructeur qui l´inculpe et le traduit en flagrant délit devant le tribunal. Or, à la barre, devant Mademoiselle Mounira Nacer, la juge de Koléa (cour de Blida), le bonhomme, l´inculpé principal, jure qu´il ne s´agit pas de ce Abdelhakim H. «Ce retournement de situation n´est pas bon. Et pour personne, c´est compris?» avertit la présidente de la section pénale qui plisse ses yeux fortement enduits d´un khol frais... «Expliquez-nous un peu, inculpé, quelle est cette catastrophique coïncidence qui a fait, en supposant que ces coordonnées aient été données à l´emporte-pièce ou soutirées par la contrainte, soient justement... justes?», s´exclame la magistrate qui n´est pas ébranlée par l´inculpé principal qui dira dix fois: «Je ne connais pas ce Hadjadj qui est à mes côtés», ni par ce Abdelhakim qui jure qu´il n´a jamais mis les pieds ni à Aïn Benian, ni à Djamila (ex-La Madrague). La présidente, vigilante, joue au dur, au sans-coeur: «Vous, les résidents de la Glacière, de Bachdjarah, d´El Harrach, adorez les plages d´El Djamila». Les deux détenus ne disent mot, ce sont leurs avocats qui vont faire un boucan, car ils venaient de s´apercevoir que ce renversement de situation dans le témoignage allait les servir durant les plaidoiries courtes oui, mais franchement percutantes, juste de quoi édifier le tribunal, un tribunal qui n´a pas de quoi frapper si les preuves sont absentes. L´intime conviction n´étant pas prise en considération sauf en criminelle... Ce sera d´abord la percutante Maître Djamila Termoul, l´avocate de Birkhadem, pas de... Bachdjarah, qui s´écriera que les accusations gratuites ne doivent jamais être prises en considération. Se remémorant la rudesse de la présidente qui n´interroge jamais pour rien les parties présents à la barre, elle balance: «Le détenu vous l´a dit: ce n´est pas mon client qui a participé au vol. Il vous a même dit les yeux dans les yeux que s´il avait craché les cinq mots dont les deux noms, ´´Abdelhakim H. de Bachdjarah´´, cela ne pouvait qu´être la lassitude après le dur interrogatoire éprouvant au plus haut point», a encore dit Maître Termoul qui aura réussi à capter l´attention des présents. S´appuyant sur le sacro-saint principe qui veut qu´un témoignage d´un inculpé à l´encontre d´un autre, est nul et non avenu, l´avocate essaye de faire plier la présidente très attentive. Maître Assia Faïrak, pour l´inculpé principal, n´a pas voulu jouer long et fastidieux. Elle a demandé à la présidente de la lucidité au cours de la mise en examen. Et Mounira Nacer, la juge de prendre ses responsabilités car depuis l´installation de Hadj El Hadi Hamdi Bacha, le président de cour de Blida, les juges du siège peuvent bosser sans craindre les foudres de rapports expédiés vers les hauteurs d´El Biar où les magistrats sont fauchés avant d´être entendus car le malheur dans tout cela, c´est qu´un juge n´est jamais entendu lorsqu´il lui est reproché un «truc» alors que lui, le juge, écoute tous les sons de cloche avant de se prononcer en toute sérénité. Et les responsabilités de Nacer, la juge, sont allées dans le sens de Maître Termoul qui s´était franchement défoncée pour convaincre le tribunal, une juridiction qui est là pour trancher sur le vif surtout si les deux parties, le parquet et la défense, jouent le jeu qui est celui d´éclairer la juge, cette sacrée Nacer qui ne fait jamais les choses à moitié. Et pour ce dossier, elle décide de tempérer les ardeurs des uns et des autres. Elle met en examen l´affaire avant de refermer la chemise pour passer à une autre affaire, celle d´usage de stups, un délit autrement plus grave.