Par qui et comment le roi Charles X a-t-il été "roulé dans la farine" pour le décider à éloigner son armée alors qu´elle aurait pu sauver son trône? Le contraire aurait été étonnant. Nous assistons ces jours-ci à un regain d´intérêt et à une activité débordante autour de l´histoire de l´Algérie. L´annonce faite, le 13 janvier dernier à partir de Bouira, par notre ministre des Moudjahidine, M.Chérif Abbas, de la tenue, durant le premier trimestre de cette année, d´un séminaire national sur l´écriture de notre histoire, n´est pas étrangère à cet emballement. Depuis, on assiste à une agitation inhabituelle dans l´Hexagone autour de ce dossier. Travaux universitaires à grand renfort de journalistes. Commémorations d´épisodes de peu d´intérêt jusque-là. Enfin, beaucoup d´efforts qui procèdent d´une volonté sournoise de transformer la victime en agresseur et vice-versa. Parmi les grosses ficelles de la démarche, nous trouvons pêle-mêle «l´oeuvre civilisatrice de la colonisation» en passant sous silence les enfumades, les expropriations, les déportations, la situation des Algériens qui n´étaient ni citoyens ni sujets. Pour la même cause on pleure «le sort infligé aux harkis» en oubliant volontairement de dire que c´est la France qui les abandonna avant de les traiter de manière inhumaine dans les camps. On pleure beaucoup aussi sur ces «Français d´Algérie arrachés à leur terre natale» en faisant semblant d´oublier que c´est l´OAS qui leur a ordonné de partir massivement et en un temps record. On arrête là l´énumération de tous les thèmes de cette veine, présélectionnés pour falsifier l´histoire. On arrête là, car l´important est ailleurs. Il est dans ces pans entiers de l´histoire de la colonisation (les plus importants) qui sont escamotés volontairement. C´est toujours le ministre des Moudjahidine, le même M.Chérif Abbas, qui a déclaré, en octobre 2009 lors d´une journée parlementaire consacrée à ce sujet, que «plusieurs zones d´ombre dans l´histoire de la période coloniale demeurent non élucidées». Bizarrement et contrairement à sa déclaration sur la tenue du séminaire, aucune réaction n´a été enregistrée sur ces «zones d´ombre». Pour mieux comprendre, il faut cerner ces zones. D´abord, la guerre d´Algérie dans laquelle on veut «enfermer» notre mémoire n´est pas, à elle seule, toute l´histoire coloniale d´un siècle et demi. Si les troupes françaises ont débarqué à Sidi Ferruch en 1830, la «mise en condition» remonte à des décennies plus tôt. La prise d´Alger était programmée juste après celle de la Bastille. Il faut savoir que l´histoire du blé algérien impayé par la France remonte en réalité à 1797. Juste après la Révolution française. Par qui et comment le roi Charles X a-t-il été «roulé dans la farine» pour le décider à éloigner son armée alors quelle aurait pu sauver son trône? Il abdiquera pendant la prise d´Alger. Pourquoi le vice-amiral Duperré (dont on parle très peu) qui commandait la flotte, faisait tout pour freiner le débarquement à l´insu de De Bourmont qui commandait l´expédition? Pourquoi l´expédition s´est-elle transformée en colonisation puis en annexion pure et simple? Comment la France a-t-elle pu perdre son honneur en trahissant la parole donnée à l´Emir Abdelkader par le Général Lamoricière et avalisée par le Duc d´Aumale? Pourquoi a-t-il fallu trois ans à Napoléon III pour pouvoir libérer l´Emir Abdelkader? Ce ne sont là que quelques-unes des zones d´ombre dont parle M.Chérif Abbas. Elles commencent avant l´occupation. Elles se poursuivront après. Il faut que toutes soient élucidées. Nos séminaristes devront y accorder une bonne partie de leurs travaux. La lumière sur ces zones expliquera en effet le passé et le présent de notre pays. Elle permettra aussi à mieux construire notre futur. Voilà pourquoi ces zones sont des pans importants de notre histoire. Et personne ne réagit outre-mer à cette déclaration de notre ministre. Le contraire aurait été étonnant, disions-nous au tout début! ([email protected])