Il y a comme un regain d´intérêt envers les moudjahidine ces jours-ci. Entre le ministre Mohamed Chérif Abbas qui déclare close la procédure de reconnaissance de la qualité de moudjahid, Saïd Abadou, le secrétaire général de l´ONM qui exhorte les moudjahidine à participer plus activement à l´écriture de l´histoire ou encore le saccage des locaux de l´ONM de Laghouat, on a l´impression d´assister à une sorte de prolongation du combat pour la libération du pays. Ou plutôt, on peut dire, sans exagérer, que nos moudjahidine ne laissent pas, 45 ans après, indifférents. Clore la délivrance des «attestions communales» 45 ans après l´Indépendance n´est vraiment pas trop tôt. Cela veut dire aussi que la persistance des demandes, jusqu´à nos jours, échappe à l´entendement. Que les 10.000 demandes rejetées par le ministère prouvent que beaucoup s´entêtent à vouloir encore s´engouffrer par toutes sortes de moyens dans cette catégorie de citoyens pour bénéficier de privilèges. Car enfin, et alors que le plus jeune des moudjahiddine ne peut être aujourd´hui qu´au moins septuagénaire, il est aisé aux services de l´Etat d´écarter une bonne partie d´intrus. Tous ceux qui sont nés après les années 40. Et si le combat des moudjahidine doit se prolonger, c´est précisément dans l´écriture d´un pan d´histoire dont ils peuvent témoigner. Ceux qui s´investiront dans cette oeuvre d´intérêt public auront au moins la satisfaction d´écarter le moindre doute, s´il en est, quant à leur réelle participation à la lutte de Libération nationale. De crier haut et fort leur qualité. Beaucoup de parasitage a été créé autour de ce noble passé d´hommes et de femmes prêts à offrir leur vie pour que vivent libres les Algériens. Alors qu´à l´époque, tous les documents pouvant mener à l´identification des membres de l´ALN et du FLN étaient systématiquement détruits pour ne pas tomber entre les mains de l´ennemi, c´est pourquoi l´Etat a recours à la procédure de reconnaissance pour leur identification. Une procédure dont personne ne peut garantir l´infaillibilité. Il suffit d´un lien de parenté, d´une alliance pour que le témoignage de complaisance vienne polluer la vérité. Une pollution aux multiples méfaits dont l´infiltration de la communauté des moudjahidine n´est pas la moindre. Il y a aussi la cupidité exacerbée par la pension, la carte d´invalidité, les années «bonus» de la retraite avant l´âge légal, les kiosques, les licences de taxi, etc. etc. Une multitude d´avantages que certains parmi les plus rigoureux des militants ont rejeté de toutes leurs forces. Certes, ils ne sont pas nombreux, mais les vrais moudjahidine, qui ont refusé de demander cette fameuse attestation, existent. Parce qu´ils considèrent qu´ils n´ont fait que leur devoir et que celui-ci n´est pas monnayable. L´Etat et tous les Algériens devraient leur élever une stèle. Celle du moudjahid sans attestation. Comme on aurait voulu qu´ils soient tous dans ce cas!