Ben Laden avait cité le royaume parmi les pays arabes «apostats». Plus de trente arrestations ont été opérées au Maroc dans le cadre de l'enquête en cours sur les cinq attentats suicide perpétrés vendredi soir à Casablanca, a-t-on annoncé, hier matin, à Rabat de source policière. Aucune précision n'a été fournie sur l'identité des personnes arrêtées ou sur les liens qui auraient pu être établis entre elles et les attentats. Une indication quand même. C'est le 14e kamikaze capturé blessé et vivant qui a permis aux enquêteurs de procéder à ce coup de filet en un laps de temps record. En effet, vingt-quatre heures après ces sanglants attentats, le ministre marocain de l'Intérieur, Mostapha Sahel, s'était félicité des «progrès rapides» de l'enquête, révélant notamment que les attentats ont été perpétrés par une cellule composée de 14 membres, répartis en cinq groupes. M.Sahel avait indiqué auparavant que quatre suspects, dont au moins trois seraient marocains, étaient interrogés par la police - avec, parmi eux, un kamikaze blessé. Selon M.Sahel, treize des membres de cette «cellule» ont été tués dans les attentats tandis que le quatorzième a été arrêté. Le ministre de l'Intérieur avait indiqué samedi soir que parmi les 13 kamikazes tués, 6 ont pu être identifiés - tous marocains «d'après les informations en (sa) possession» - les 7 autres étant «en cours d'identification». Alors que les dessous de ces actes terroristes ne sont pas encore élucidés, plusieurs hypothèses sont accréditées par les observateurs, dont celle de l'implication du réseau d'Al-Qaîda qui n'est pas des moindres. Pour rappel, le chef du réseau Al-Qaîda, Oussama Ben Laden avait cité en février dernier le Maroc, allié traditionnel des Etats-Unis dans le monde arabe, parmi les pays arabes «apostats» dans une cassette sonore qui lui avait été attribuée. De plus, des groupes islamistes radicaux avaient fait l'objet de plusieurs arrestations au cours des derniers mois au Maroc. En mai 2002 une «cellule dormante» d'Al-Qaîda, dirigée par 3 Saoudiens, avait été arrêtée par la police marocaine, soupçonnée d'avoir préparé des attentats terroristes dans le pays et contre des navires de l'OTAN dans le détroit de Gibraltar. Les spécialistes s'interrogent encore s'il y a un lien entre les attentats de Riyad (Arabie Saoudite) survenus moins de cinq jours après ceux de Casablanca (Maroc) et le regain d'activité du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) en Algérie avec, notamment cette sombre affaire de prise d'otages de touristes étrangers dans le désert algérien. A propos des attentas de Riyad, il ne fait aucun doute pour les Américains que le réseau d'Oussama Ben Laden en est l'auteur. Le quotidien américain le Washington Post citant hier des sources de l'administration et des renseignements américains, a avancé qu'«un responsable d'Al-Qaîda, qui se cache en Iran, a participé à l'organisation des attentats de Riyad, qui pourraient signifier le début d'une série d'attaques du réseau terroriste». Selon ces mêmes sources, Saïf Al-Adel, un Egyptien qui pourrait être le nouveau numéro 3 d'Al-Qaîda, a participé à l'organisation du triple attentat suicide à Riyad le 12 mai. Selon le même journal, ce sont «autant de frappes que possible dans un bref délai», pour démontrer que le réseau fondé par Oussama Ben Laden est toujours opérationnel malgré les efforts des services antiterroristes. «Je pense qu'ils (Al-Qaîda) sont de retour - nous avons vu la pause», a déclaré sous le couvert de l'anonymat un responsable de la lutte antiterroriste, faisant référence à l'absence d'attaques pendant la guerre en Irak. Ce groupe «iranien» est un des deux «groupes clés» restants de la direction du réseau, l'autre étant basé dans les régions frontalières de l'Afghanistan et du Pakistan, selon les sources du Washington Post. Pendant ce temps, le dispositif sécuritaire a été renforcé au Maroc notamment dans les villes de Rabat et de Casablanca, a-t-on appris hier de source policière. La compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) a, de son côté, renforcé son dispositif sécuritaire, des mesures prises samedi lors d'une réunion de «crise».