Les voisins et les familles mettent «le feu» au quotidien. Les affrontements se multiplient. Et lorsque les policiers ou les gendarmes émargent une feuille de route, c´est le tribunal où il ne fait pas bon y être...qui va... A l´appel de leurs noms et prénoms, les inculpés-victimes de coups et blessures réciproques à qui, il y a eu du côté du parquet un rajout légal d´insultes et de menaces ils étaient huit et étaient issus de deux familles. Les deux principaux antagonistes ne sont autres que le tonton et le neveu. Le tonton qui se plaint que son fils mineur ait fait l´objet d´une agression. «Ce garnement n´est pas éduqué», lance sans l´autorisation de la juge qui a fait les gros yeux à cause de...Le neveu, lui, est plus direct: «Lorsque je me suis adressé à lui (le tonton), il s´est précipité sur moi pour me rouer de coups.» Selma Bedri, la juge, va alors surgir du bosquet-pupitre: «C´est quoi le déclic? Que s´est-il passé pour que quatre hommes et quatre femmes en viennent aux coups?» «On a insulté mon garçon de quatorze ans après les coups encaissés...» «Ce n´est pas logique tout ça!», interrompt avec une haute intonation, la présidente de la section correctionnelle du tribunal d´El Harrach (cour d´Alger). - «A cause d´un gamin? Arriver jusqu´ici? C´est impensable et inacceptable. Des tontons, des neveux, des cousins et belles-soeurs!», ajoute la juge qui voit Nadia Belkacem enfouie dans le fauteuil du ministère public en train de «mijoter» sa plaidoirie de tout à l´heure, une plaidoirie pour la forme car dans de tels dossiers, les parquetiers s´en lavent les mains en laissant les juges du siège s´en sortir sans bouée de... Le papa du gamin par qui la rixe a eu lieu, se défend d´être inculpé de quoi que ce soit: «j´étais victime et me voilà poursuivi, c´est intolérable...», dit sans trop vouloir aller plus loin le bonhomme qui a juste le temps de saisir que dans cet endroit, nul ne peut élever le ton même si les magistrats ferment les oreilles... «Ce qui l´est encore plus, c´est que vous, membres d´une même famille, soyez à la barre. Voilà pour le moment la vérité!», s´exclame la présidente qui va devoir se farcir une à une les déclarations des uns et des autres. Que ce soit Baya ou Aïcha, les réponses sont les mêmes. Aïcha, elle, a vite été remise à sa place par la juge: «De quoi te mêles-tu? Cela s´est passé entre ton mari et Louisa ou Baya. Pourquoi es-tu entré dans une histoire qui n´était pas la tienne?», tonne encore Mme la présidente. Aïcha jure qu´elle se trouvait à la fenêtre gardant les petits-enfants et donc elle ne pouvait pas se mêler à ces gens. Elle parle avec les mains. Elle a dû comprendre que cela ne se faisait pas. Alors elle croise les mains. La présidente réinstaure le silence. Elle refuse les commentaires secs et sans fondements. Elle ne veut que des réponses claires. Le brouhaha s´éteint peu à peu. On a cessé de murmurer. Même les positions debout ont été rectifiées automatiquement. Le sourire en coin, Maître Benouadah Lamouri, l´avocat du papa du gamin malmené, a plaidé haut, fort, juste et bien. Il est revenu rapidement aux faits et avec la permission de la juge, a rappelé en vingt mots que cette triste histoire avait déjà commencé avec une maudite malvenue «procuration que la partie adverse n´a jamais pu supporter», a dit l´élégant avocat qui avait ajouté que le certificat médical était, à lui seul, la meilleure preuve de ce qui s´est passé. «C´est un dossier pendant au foncier qui a conduit de regrettables gestes à l´encontre du papa de ce mineur agressé». «A vous de juger, Mme la présidente, il était seul et eux quatre», a conclu le défenseur qui avait pris acte des demandes de Nadia Belkacem, la procureure qui n´a pas voulu aller au-delà de la loi qui a prévu de lourdes peines dans le cas de la présence d´un certificat médical. Et d´ailleurs, au tout début des débats, Maître Lamouri avait insisté sur l´importance des termes du document rédigé et signé par le médecin-légiste: «Ce document est important sauf si on considère par ailleurs, que c´est un faux. Et alors là...» Bedri, pour ne pas changer, décide de mettre en examen l´affaire sous huitaine. D´ici là, les esprits se seront calmés. Les jeux et les dés peuvent alors être considérés comme froids. C´est tout de même triste qu´une telle histoire de foncier en arrive aux coups et blessures réciproques. C´est moche!