Dans sa globalité, la presse française a largement commenté " Hors la loi " de Rachid Bouchareb, un film en compétition à Cannes, ayant suscité une virulente polémique. A la Une du journal du Dimanche, une immense photo représentant Chafia Boudraâ, souriante, aux côtés d'une partie du casting. Une Chafia Boudraâ qui a été brillante dans son rôle de mère qui rappelle un peu Lala Aini dans "l'Incendie " de Mustapha Badie. Le Journal du dimanche, souligne que le réalisateur du film, qui a fait l'objet d'une virulente campagne, " réclame un débat dans la sérénité ". Hors-la-loi s'impose comme une fresque romanesque, sur la forme, dans la veine d'Indigènes. Sur le fond, on peut dire que Bouchareb a osé parler de choses jusqu'alors enfouies comme la " Main rouge ", cette police clandestine qui traque et liquides tout les réseaux soutenant le FLN. C'est le croisement de la petite et de la grande histoires qui donnent au film son ampleur. A travers l'ascension des trois frères, Bouchareb signe un film plus politique qu'il ne l'avoue lui-même. Il le fait avec le regard d'un " père qui veut pouvoir raconter son histoire à ses enfants ", écrit JDD. De son côté, Le Parisien souligne les chances de ce film représentant l'Algérie au Festival de Cannes de figurer au palmarès. Hors-la-loi est " une fresque qui raconte une histoire dans l'histoire ", écrit le quotidien, estimant que " Rachid Bouchareb possède un savoir-faire indéniable et il est incontestable que le réalisateur ne reparte de Cannes bredouille ". Sous le titre " D'une libération à une autre ", le journal L'Humanité souligne que " Rachid Bouchareb a livré un grand film politique sur le combat des Algériens pour l'indépendance de leur pays ". L'Humanité s'est, par ailleurs, interrogé, dans un autre article, " Pourquoi le beau film politique de Rachid Bouchareb dérange ? ". S'intéressant au " rassemblement " organisé, jeudi à Cannes par les détracteurs du film, le journal a relevé que " plusieurs députés UMP ont défilé sur des mots d'ordre xénophobes ". dans un entretien accordé au quotidien Libération, Rachid Bouchareb a souligné qu'il " serait grand temps de raconter l'histoire du colonialisme, dire que l'Algérie n'était quand même pas un paradis pour les indigènes. Franchement qui peut vraiment penser que la colonisation fut une chose positive ? Et pourquoi pas l'esclavage, tant qu'on y est", a indiqué le cinéaste dans un entretien publié, par "Libération". Rachid Bouchareb est revenu sur la polémique déclenchée par son film par des milieux qui lui reprochaient, entre autres et sans avoir vu son œuvre, la séquence dans laquelle il évoquait les massacres du 8 Mai 1945. "Le problème n'est pas Sétif, mais c'est de parler d'une période entière qui n'est jamais vue au cinéma", a-t-il expliqué, ajoutant qu' "au lieu de tourner, en Algérie, un long métrage sur la guerre d'Algérie, je l'ai déplacé en France. Cela donne un film que j'aurai pu appeler la bataille de Paris. Certains français ont peur de voir ce qu'on montre". Rachid Bouchareb s'est défendu d'avoir fait un film "anti-français" comme le lui reprochent ses détracteurs. "Dit-on que "La Rafle" est antifrançais? Quand Nicolas Sarkozy prononce un discours en Algérie sur les blessures du peuple algérien est-il antifrançais? Mais j'ai l'habitude. "Indigènes" a été qualifié de film antifrançais. Or le public en a fait un immense succès", a-t-il souligné. Le cinéaste s'est dit "scandalisé" par la campagne qui l'a visé. "Je me demande pourquoi la presse s'est jetée sur un élu qui s'exprimait sans rien avoir vu. Je me demande pourquoi ça n'a choqué personne que le secrétaire d'Etat aux anciens combattants donne un avis sur le scénario", a-t-il déploré. "Je suis scandalisé par tout cela et par cette incroyable manipulation", a ajouté Rachid Bouchareb.