C'est la confusion totale au niveau des lycées de la capitale. Plusieurs observent, depuis samedi, un arrêt de travail suite à l'appel lancé par la Coordination des lycées d'Alger (CLA). Une trentaine d'établissements environ a suivi le mouvement de grève, selon le ministère de l'Education nationale, une soixantaine selon la CLA, qui «inclut dans le décompte les lycées ayant à leur actif dix profs grévistes». Rencontrés hier sur le palier du lycée Emir-Abdelkader, les professeurs se sont dit déterminés à poursuivre la protesta jusqu'à la satisfaction totale de leurs revendications. Ils comptent organiser aujourd'hui un sit-in devant le ministère de l'Education nationale. Ils se disent outrés par la décision de démettre de ses fonctions le directeur de leur établissement. Une pétition réclamant la réintégration de l'ancien directeur et signée par une centaine de professeurs circule déjà parmi le corps enseignant. Les profs dénoncent aussi les méthodes qu'aurait prises l'administration scolaire pour casser la grève. «Des de ménage et des travailleurs ont été chargés, par l'administration scolaire, de distribuer aux élèves des sujets d'examen datant de l'année dernière à la place des profs grévistes, mais les élèves ont refusé de composer en l'absence de leurs professeurs». Les profs se sont aussi insurgés contre le traitement qu'a fait l'Entv de cette affaire. «La télévision a montré des pseudo-parents qui affirment que nous sommes en train de défendre une position politique, c'est vraiment mesquin», déclare l'un d'eux. «On focalise sur les élèves de la terminale qui risquent de ne pas passer l'examen alors que le mouvement de grève pénalise tout autant les élèves de première que de deuxième années secondaires.» «Ils nous accusent, renchérit sa collègue, de vouloir profiter des périodes d'examen pour nous manifester, nous vous rappelons que nous avons enclenché ce mouvement de grève depuis février dernier et jusqu'au jour d'aujourd'hui la tutelle persiste à nous ignorer. Dites-leur que ce ne sont pas les élèves qui sont pris en otages, mais c'est plutôt nous.» Mais on vous accuse d'être une organisation illégale, avons-nous fait remarquer. «Ecoutez, la CLA dérange, clame une autre voix, parce qu'elle est née à la base, les syndicats pullulent, il y a la Fnte, le Satef..., mais nous refusons de les rejoindre, ils ne défendent pas les intérêts des enseignants, mais ils négocient des positions personnelles sur notre dos. Nous avons adhéré au mot d'ordre de la CLA, à la suite à l'échec de la Fnte en laquelle nous avions placé beaucoup d'espoir. Mais finalement elle nous a déçus quand elle a accepté les 1300 DA comme prime de documentation mensuelle. Et puis nous avons le droit de ne pas faire partie des syndicats existants et même de ne pas adhérer à quelque syndicat que ce soit si nous jugeons qu'il ne sert pas l'intérêt de l'enseignement.» Que pensent les enseignants de Boubekeur Benbouzid, lequel vient de déclarer à la Chaîne III qu'il est disposé à recevoir les enseignants en tant qu'enseignants, mais pas en tant que coordination? «C'est un jeu de mots» rétorque Osmane, le porte-parole de la Coordination qui venait juste d'arriver. «Si Benbouzid veut parler avec la CGT (Confédération générale des travailleurs, syndicat de France, Ndlr) qu'il le fasse, mais nous voulons qu'il réponde à nos revendications. Le ministre s'habille de coercition administrative parce qu'il est sur la défensive», estime Osmane. Et son camarade de renchérir: «Le ministre français de l'Education quand il a entendu parler de grève est descendu dans la rue, Benbouzid lui se prend pour le Seigneur en restant dans sa tour d'ivoire.» Retour au lycée El-Idrissi, même mouvement de grève. «Il faut présenter un ordre de mission établi par l'Académie d'Alger pour pouvoir entrer», nous déclare la réceptionniste.