Lourdement pénalisés par la grève des enseignants, les candidats de la capitale réclament une seconde session. Hier matin, des dizaines d'élèves de troisième année secondaire, issus de plusieurs lycées de la capitale, Emir-Abdelkader, Frantz-Fanon, Abderahmane-Mira, Saïd-Touati… se sont rassemblés devant le siège de l'inspection académique. Réclamant l'organisation d'une seconde session du baccalauréat pour la capitale ou carrément le report de cet examen, ils ont dans la même matinée quitté leur salle de classe où devaient se dérouler les épreuves du bac blanc. “Nous avons eu droit à des questions sur des cours du troisième trimestre que nous n'avons pas encore faits”, a dénoncé une élève du lycée émir- Abdelkader. Au lycée Arroudj et Khayr Al-Din Barberousse (ex-Delacroix), les élèves ont également boycotté l'épreuve du bac blanc et sont sortis dans la rue pour manifester leur colère. Pris en otage par un conflit qui les dépasse, les candidats au bac de la capitale sont désespérés. Alors qu'ils doivent normalement se consacrer exclusivement aux révisions avant le jour “j”, ils se trouvent contraints de battre le pavé pour se faire entendre par les autorités. Cependant, au lieu de rassurer les lycéens, les pouvoirs publics ont opposé un niet catégorique à leurs revendications. En recevant, hier, au siège de son département la Fédération nationale des parents d'élèves (FNAPE), le ministre de l'éducation, M. Benbouzid, a annoncé que les examens de fin d'année se dérouleront aux dates prévues. Sa déclaration intervient au moment où les enseignants grévistes relevant de la Coordination des lycées d'Alger (CLA) radicalisent leur action. Résolus à aller jusqu'au bout (jusqu'à la satisfaction de leurs exigences), les professeurs de l'enseignement secondaire (PES) n'en démordent pas. Pourtant, si l'on tient compte de l'intransigeance des autorités, leur action semble bel et bien vouée à l'échec. Ne reconnaissant guère la CLA comme un interlocuteur légal, le ministre de l'éducation feint l'amorce d'un dialogue social en invitant les organisations sociales agrées à “des consultations”. Il a déclaré à ce propos que les portes du ministère seront ouvertes durant toute cette semaine pour recevoir les syndicats. Aujourd'hui, il recevra la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (fnte). Lui succéderont dans les jours suivants, les syndicats autonomes, à l'instar du SNTE, l'UNPEF… Manifestement, Benbouzid entend se servir de tous ces syndicats comme pompiers pour contenir le mouvement protestataire de la Coordination d'Alger. A l'adresse des grévistes, l'appel à la sagesse que le ministre a lancé s'apparente plutôt à une mise en garde. Le premier responsable du département de l'éducation nationale a affirmé qu'en cas de poursuite de la grève des lycées, la loi serait appliquée dans toute sa rigueur. En d'autres termes, les grévistes devront subir les conséquences de leur acte. Les menaces vont de simples mises en demeure à des licenciements. Le prélude à ces mesures de rétorsion est le limogeage du proviseur du lycée Emir-Abdelkader, accusé d'indulgence à l'égard des grévistes. Selon le porte-parole de la Coordination des lycées d'Alger, cette décision entre dans le cadre des tentatives d'intimidation de l'administration Il est à rappeler, à ce titre, que la direction de l'éducation d'Alger a porté plainte contre la Coordination des lycées pour motif d'activité illégale. Légale ou pas, la grève des enseignants du secondaire de la capitale est un fait sérieux. Selon la CLA, une soixantaine de lycées sur 110 serait paralysée. Minimisant l'ampleur de la grève, le ministère de l'éducation évoque, quant à lui, des perturbations dans une vingtaine d'établissements et un arrêt total dans cinq autres. Samedi dernier, les vingt-cinq proviseurs concernés ont été réunis au siège du ministère pour recevoir des instructions destinées à rattraper les retards occasionnés par la grève et à préparer les classes d'examens. En guise de mesures à prendre, il leur a été demandé de distribuer des polycopiés des cours non assurés aux futurs candidats. S. L.