Depuis le temps que des avocats dénoncent le piétinement des procédures, beaucoup d´eau a coulé sous les...juridictions! Ahmed Hassini est poursuivi pour outrage à un officier de police dans l´exercice de ses fonctions, fait prévu et puni par l´article 144 du Code pénal. Maître Chadli Zouina le défend à Boufarik (cour de Blida) face à Saâda, la jeune présidente de la section correctionnelle. Sur le siège du ministère public, Abderaouf Kouchih suit avec un vif intérêt à telle enseigne qu´il va pousser la juge à la...faute, puisque les procédures allaient être piétinées à l´issue du procès. Comment cela a-t-il pu arriver? Simple comme bonjour. Et nous allons vous édifier, tout comme votre serviteur l´avait été. En effet, Maître Zouina avait plaidé et fort bruyamment en brandissant, à plusieurs reprises, le procès-verbal des éléments de la police judiciaire à propos du contenu que l´avocat de l´inculpé, nommé avec force: «CV» (comprenez curriculum vitae). «Oui Madame la présidente, je pèse mes mots (le tout balancé en langue française par le défenseur), car mon client ne mérite pas d´être humilié de la sorte. Et lorsque l´honorable parquetier effectue des demandes basées sur du vent, la défense ne peut qu´être offusquée du fait même que l´inculpé, déjà poursuivi par ailleurs dans une autre affaire où il était question de "stups" et où la relaxe était au rendez-vous, ne mérite pas autant de harcèlement.» s´était offusqué le conseil dont l´intervention à la barre avait laissé l´assistance, tout comme le tribunal, coi, par l´entreprise de propos justes, aigus et surtout allant droit vers l´absence d´éléments constitutifs, menant vers des poursuites inévitables dans le cas d´espèce. Puis le défenseur allait s´amuser à relire rapidement de longs passages «creux» du procès-verbal de la police plaignante, même s´il savait que tout juge du siège, même cette novice avait dû parcourir au moins une fois ledit procès-verbal. «Convenez avec moi, Madame la présidente que ce document est vide. On n´y lit nulle part un seul mot d´outrage, un mot d´insulte, un mot de menaces un mot déplacé. Ce qui est, par contre, déplacé, c´est cet authentique CV déployé sous nos yeux. Qu´y lit-on? Hassini a fait ceci ceci, et patati et patata. Oui!, si vous arrivez à relever le moindre terme blessant à l´encontre de la police, allez-y, prenez vos responsabilités. A défaut, il nous plaît de vous demander de rectifier le tir», avait chantonné Maître Zouina qui avait remarqué que Abderaouf Kouchih, le représentant du ministère public hochait la tête comme pour dire à peu près ceci: «Allez-y, Maître. Allez-y. Vous êtes le seul à croire ce que vous affirmez durant cinq bonnes minutes.» D´ailleurs, nous pouvons même affirmer que c´est cela ce que pouvait ruminer le procureur actif et attentif. Car la fin en queue de poisson allait donner raison à la jeune avocate Maître Narimane Aït Boudjemaâ, sagement installée aux côtés de la terrifiante avocate de Koléa, Maître Hayet Kadi, elle-même à côté de Maître Sabiha Bencherchali qui craignait le renvoi de son affaire, tant elle était motivée ce mercredi midi, au ciel gris. Entre-temps, l´imprévu arriva. Nous parlons de la faute de procédure commise par la présidente qui avait annoncé la date du verdict, donc la mise en examen de l´affaire. C´est alors que le sympathique Kouchih se leva. Tout le monde avait cru qu´il allait quitter la salle d´audience. Eh bien, non! Il se permit le luxe de répliquer à Maître Zouina à propos du CV de l´enquête bâclée de la hogra dont aurait fait l´objet Hassini. Et ce sera la danse du feu qu´allait entreprendre l´avocat qui protestera énergiquement. «Madame la présidente, le dernier mot est pour l´inculpé ou son conseil. L´honorable parquetier ne se devait pas de répliquer». «Nous regrettons cette démarche», siffla Maître Zouina. La juge, elle, s´était tue...