Il y a des gens qui vous déplacent des montagnes en racontant des «choses» aux gendarmes qui... Nous sommes à la mi-juin 2010. Une jeune fille se présente dès l´aube chez les gendarmes pour déposer plainte à l´encontre de quatre jeunes dont un mineur pour insultes, menaces, attouchements sexuels et vol d´un portable que la victime présente comme étant un phone de valeur de plus de quinze mille dinars. Les gendarmes l´entendent. Ils ont une info de choix et donc capitale pour le lancement de l´enquête. Elle a reconnu l´un des quatre agresseurs et il aurait même dîné chez eux une ou deux fois. C´était parti. Les investigations vont vite. La lame traverse le beurre mis au soleil et les quatre suspects sont interpellés, entendus par les adjoints de Abdenour Gaci, l´énigmatique procureur de la République de Koléa (cour de Blida). La jeune et frêle victime de vol de portable avec violences a reconnu au moins un de ses trois agresseurs: le voisin chez qui elle a déjà mangé chez les parents. «Le premier a tâté le portable, le deuxième ainsi et le troisième avait assisté à toute la scène sans intervenir. Il était donc de connivence avec eux!» avait raconté la victime dont l´avocate avait fait un boucan de tonnerre, estimant que de nos jours, aucune fille jeune, âgée, célibataire, fiancée ou mariée, n´était en sécurité même si le portable se trouvait dans le sac à main: «C´est malheureux de voir ces quatre gaillards s´en prendre à cette jeune fille déjà pas gâtée par la nature au vu de sa corpulence. Que pouvait-elle bien faire face aux violences, menaces et insultes et le vol de son unique portable. Pire! Hichem a dit à ma cliente d´aller se faire voir ailleurs et qu´il ne craignait personne et qu´il ne lui restituerait jamais son bien», a récité Maître Lila Ziane qui a ajouté que devant les gendarmes, le voleur, qui de coq, était devenu subitement poule et une poule mouillée. Salim Hemali, le procureur réclame trois ans de prison ferme pour chacun des quatre inculpés. Les trois avocats, Maître Salem Houari, Maître Mostefa Habachi et Maître Benkraouda Junior, le fils du magistarat, ont plaidé, chacun à sa manière. Car chaque inculpé traîne une spécificité. Chacun des quatre inculpés est poursuivi pour ce qu´il a fait ou dit à la victime. Si Maître Benkraouda a concentré la sève de son intervention sur l´incapacité du parquet à trouver qui a fait quoi, Maître Habachi balaie du revers de la main le vol du portable. «A quatre heures du matin, ils rencontrent cette jeune fille, qui comme eux allait au boulot, c´est possible qu´ils aient lancé des colibets en guise de dragage, qu´ils l´aient importunée, mais à aucun moment, il n´y a eu vol de portable. C´est une déclaration préfabriquée par cette pseudo-victime.» Maître Houari, Salem a demandé la relaxe car il n´a ici, ce dimanche, ni témoins, ni preuves pouvant appuyer les déclarations de la victime qui a établi un scénario inavalable, car il n´ y a aucune cohérence dans ses propos, surtout cette histoire de vol avec violences émanant de quelqu´un que la famille connaît très bien. «C´est insensé que toute cette histoire à dormir debout. Durant ma courte carrière, je n´ai jamais eu entre les mains une telle affaire montée de toutes pièces avec des matériaux qui ne tiennent pas debout. Quelles violences? Quelles menaces? Oui, quel vol?», s´était exclamé l´avocat de Fouka qui était revenu, tout comme Maître Habachi, sur les fait. Des faits imaginaires. Des faits imaginés par une jeune fille venue poursuivre quatre jeunes qui n´ont absolument rien à se reprocher. «Vers quatre heures du matin en plein été, cette mignonne jeune fille a vu quatre ombres se faufiler et elle était là, seule, croyant reconnaître un voisin au-dessus de tout soupçon», avait articulé Maître Habachi qui avait dû certainement se concerter avec ses deux confrères avant de s´avancer à la barre en face de Hadj Rabah Barik, le président qui se porte comme un charme. D´ailleurs, fidèle à sa démarche, le juge de Koléa, celui du dimanche, savait que ce dossier était plus que nu, le parquet étant embarqué dans une galère où se trouvaient tous les ingrédients, sauf des témoins qui ont vu les quatre jeunes insulter, menacer et voler le portable. Et ce Barik, qui demeure l´un de meilleurs magistrats, n´aime pas ramasser la malédiction des gens, des gens qui se jettent dans les bras de notre justice, la seule qui peut leur permettre de dormir tranquille, la conscience et le coeur reposés! D´ailleurs, avant d´infliger la très lourde peine de quatre ans d´emprisonnement ferme pour un auteur d´un vol confirmé, prouvé par la foi de quatre témoins, tous étrangers au quartier où le méfait avait été commis, Hadj Barik a carrément relaxé les inculpés, heureux comme de frais lauréats au Bac 2010. Les avocats aussi d´ailleurs.