Les gendarmes ont choisi la journée de samedi, soit la veille de l'Aïd El-Adha, pour effectuer leur descente et appréhender les malfaiteurs. La présence des maquignons et d'une foule nombreuse d'acheteurs sur les axes routiers était une aubaine pour ce gang pour rafler la mise. Mais c'était sans compter sur la vigilance des services de sécurité. Tout commence en cette paisible journée du 25 novembre 2008 quand un citoyen se présente à la Gendarmerie nationale de Rouiba et dépose plainte contre X. Objet de la plainte : vol d'un téléphone portable et d'une somme d'argent estimée à 14 000 dinars sur la RN5, plus exactement à hauteur de haï El-Kerouche, relevant de la circonscription administrative de Boumerdès. Les gendarmes étudient soigneusement l'affaire et exhument des dossiers similaires. La victime, décidée à aller jusqu'au bout pour arrêter les agresseurs, reconnaît deux personnes, dont un jeune mineur de 16 ans. “Nous avons enregistré trop de plaintes et la plupart des agressions ont eu lieu sur les RN5 et 61. Chaque fois que nous aboutissons à des résultats probants, les victimes ne se présentent souvent pas devant la justice. Ce qui freine nos investigations”, affirme le commandant de la compagnie de la Gendarmerie nationale de Rouiba, le commandant Réda Boukhenfouf. Intraitable dès qu'il s'agit de la sécurité publique et du citoyen, celui-ci pousse les investigations et déploie d'autres éléments sur le terrain pendant que les deux auteurs subissent l'interrogatoire de routine. C'est alors que les agresseurs crachent le morceau : le cerveau du groupe s'appelle H. A. Un élément dangereux et multirécidiviste. Présentés devant le tribunal de Rouiba, les agresseurs seront placés sous mandat de dépôt. Mais ce n'est pas fini ! H. A. est toujours dans la nature et sévit encore. Originaire de Boudouaou et résidant à Dallas, il vise des proies faciles : les femmes ou les gens vulnérables qui fréquentent quotidiennement les RN5 et 61, mais surtout la RN5. Souvent, ce groupe cible les victimes à l'intérieur des bus et durant les heures de pointe. “Nous avons alors décidé de changer de stratégie pour traquer ce groupe, mais surtout de connaître ses ramifications dans ces bidonvilles impossibles. Nous avons surtout multiplié nos éléments pour suivre de près le mouvement du gang dans ces haouch difficiles à pénétrer”, dira encore le commandant Boukhenfouf pour expliquer le travail de proximité effectué avant la descente finale. Vendredi 5 décembre 2008, mis en confiance dans son propre fief, H. A. est arrêté en possession de cinq téléphones portables et d'une arme blanche avec laquelle il braquait et agressait ses cibles. Le gang de la RN5 venait alors d'être touché dans son noyau dur. Passant aux aveux, H. A. reconnaît les faits qui lui seront reprochés par les gendarmes. Ceux-ci procéderont alors à l'interpellation de toutes les personnes soupçonnées d'être liées directement ou indirectement aux agressions dans ce secteur, devenu par la force des choses un véritable coupe-gorge. Suite à quoi, les gendarmes appréhendent 9 autres personnes, dont 3 multirécidivistes, au cours d'une descente musclée. “Ces auteurs activaient dans plusieurs quartiers et secteurs. Ils sont âgés entre 16 et 22 ans et ont un niveau d'instruction primaire pour la grande majorité. Il reste encore 2 personnes à interpeller. Elles sont en fuite. Mais une chose est sûre, beaucoup de gens tentés par ces associations de malfaiteurs feront marche arrière après l'arrestation de ce gang. L'arrestation de H. A. a fait également peur à tous ses acolytes et à ceux qui sont tentés par ces agressions à haï El-Kerouche, dont les 12 personnes sont originaires. Aussi, les victimes doivent savoir que déposer une plainte ne suffit pas pour éradiquer le mal. Il y a un travail de justice où la victime doit affronter le coupable”, nous affirmera par ailleurs le commandant Boukhenfouf. Celui-ci révélera que des efforts sont déployés quotidiennement pour faire face à la criminalité tant à proximité des bidonvilles que sur les axes routiers où les agressions mortelles sont monnaie courante. D'ailleurs, les gendarmes ont choisi samedi, soit la veille de l'Aïd El-Adha, pour effectuer leur descente à cause de la présence des maquignons et d'une foule nombreuse d'acheteurs sur les axes routiers. “Nous étions certains que les agresseurs allaient viser des acheteurs innocents. C'est alors que nous avons déployé un effectif important pour arrêter ce groupe”, conclut le commandant Boukhenfouf qui semble être soulagé, certes, par l'arrestation de ce gang et de son cerveau, mais décidé à démanteler les résidus de ce groupe issu de haouch El-Mokhfi (Alger), dit Dallas, et de haouch El-Kerouche (Boumerdès). Présentés devant la justice, les malfaiteurs sont placés sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, agression avec arme blanche, port d'armes prohibées, vol qualifié, etc. Autant de circonstances aggravantes qui condamneront à de lourdes peines ces faiseurs de la loi de la jungle. FARID BELGACEM