C'est à l'issue de la publication du rapport du secrétaire général des Nations unies qu'on saura si la question sahraouie est en voie de règlement ou non. C'est hier que devait présenter le secrétaire général de l'ONU, M.Kofi Annan, au Conseil de sécurité, son rapport sur le Sahara occidental. Attendu depuis des semaines, ce document contiendrait, en principe, l'appréciation du patron des Nations unies sur les réactions et les réponses des parties concernées, de près ou de loin, par le règlement de ce dossier, aux propositions de M.James Baker, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU et chargé de trouver une solution pacifique et diplomatique à ce conflit qui dure depuis maintenant plus d'un quart de siècle. Ces propositions ont été soumises aux pays concernés par la question sahraouie lors d'une tournée dans la région effectuée par l'ex-chef de la diplomatie américaine en janvier dernier. Ces réponses émanent des pays qui sont directement parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, et des pays qui ne sont que de simples observateurs, l'Algérie et la Mauritanie. Cependant jusqu'à aujourd'hui, ni les propositions du diplomate américain ni encore moins les remarques des parties qui les ont reçues n'ont été rendues publiques. Tout ce que l'on sait c'est que ces propositions ont été faites sur la base d'une recommandation du Conseil de sécurité de l'ONU et que ces pays devaient donner, avant le 1er mars dernier, leurs réponses respectives sur ces présumées propositions de règlement du conflit. Il faut dire aussi que le 25 mars dernier, ce même Conseil de sécurité avait voté une prolongation de deux mois supplémentaires, jusqu'au 31 de ce mois, du mandat de la Minurso qui arrivait à expiration le 31 mars dernier. L'importance du rapport de Kofi Annan réside dans le fait qu'une fois rendu public, on saura alors si la question sahraouie est en voie de règlement ou non. Cela d'autant que ces derniers temps, des velléités de «marocanisation» de la solution au conflit s'est fait sentir tant à l'ONU que dans certaines grandes capitales occidentales au détriment du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui pourtant consacré par un plan de règlement onusien dès le début des années 1990 et par les fameux accords de Houston six ans plus tard. En tout cas, vu par nombre d'observateurs et d'analystes comme une sorte de solution de troisième voie entre le droit à l'autodétermination des populations sahraouies et l'annexion pure et simple par le Maroc de ce territoire dans le cadre d'une autonomie très restrictive, le nouveau plan en gestation a déjà été rejeté par le Front Polisario. Ce dernier considère, en effet, que ce plan ne prévoit rien d'autre que ce qu'il a appelé «une autonomie de quatre ans au terme de laquelle un corps électoral, constitué à 65% de colons marocains, décidera par référendum, du statut définitif du territoire» sahraoui. Quant à la partie marocaine, il faut dire que Rabat a donné sa réponse aux propositions Baker sans en révéler la teneur. L'Algérie, qui est souvent présentée par les autorités marocaines comme le bouc émissaire au blocage du règlement du conflit, a déjà indiqué, par la voix de notre chef de la diplomatie, Abdelaziz Belkhadem, lors de sa récente visite à Rabat, que dans les propositions Baker, il y avait des points positifs, en précisant toutefois que «d'autres éléments demandent des éclaircissements». Le Rassemblement national démocratique (RND) du tout nouveau Chef du gouvernement désigné, Ahmed Ouyahia, a, lui, adressé, hier, ses «félicitations au peuple sahraoui et sa direction» à l'occasion du 30e anniversaire de la création du Front Polisario le 20 mai 1973, et lui a exprimé son plein «soutien» pour la consécration de son droit à l'autodétermination en toute souveraineté, sous l'égide de l'ONU. Cet espoir deviendra-t-il réalité dans un avenir proche? Tout dépendra de la volonté de l'organisation de Kofi Annan.