Alors que le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit aujourd'hui, l'Algérie a rejeté, dans une lettre adressée, hier, au secrétaire général et aux membres de l'instance onusienne, le rapport de Kofi Annan sur le Sahara occidental. En sept points cardinaux, l'Algérie, par la voix de Youcef Yousfi, son ambassadeur représentant permanent, a interpellé l'ONU sur la “grave violation du droit international” qu'entraînerait l'approbation du rapport sur la situation au Sahara occidental. Celui-ci sera présenté, aujourd'hui, au conseil par Kofi Annan. Rappelant la légalité internationale et les résolutions onusiennes, Alger réaffirme le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. “Toute autre approche, qui aurait pour objet de priver ce peuple de l'exercice de ce droit imprescriptible, constituerait une violation grave du droit international et serait contraire à l'esprit et à la lettre de la Charte des Nations unies et des résolutions pertinentes de l'organisation adoptées depuis 1965 qui ont consacré ce droit, au demeurant confirmé par la Cour internationale de justice”, précise Youcef Yousfi dans sa lettre. Tout en saluant la “rectitude” préalable de l'organisation dans la recherche d'une solution définitive à ce conflit, l'Algérie considère que “les Nations unies se sont, par la suite, montrées complaisantes à l'égard de la puissance occupante, s'accommodant de ses tergiversations et de ses atermoiements”. La lecture algérienne du rapport est plus que négative dès lors que n'ayant pas réussi à imposer à l'une des parties ses propres résolutions, “l'ONU se propose de se désengager du processus de règlement d'une question de décolonisation qu'elle a pourtant la responsabilité, au triple plan politique, juridique et moral de conduire à bon port”. Il est tout à fait clair que cette remise en cause de la légalité internationale n'est pas du goût des autorités algériennes. “L'approche préconisée par l'envoyé personnel, et que le secrétaire général a fait sienne, constitue une dérive que l'Algérie ne saurait ni ne pourrait en aucune circonstance soutenir ou entériner”, met en garde l'ambassadeur d'Algérie. Loin de s'arrêter là, Alger regrette que “les Nations unies, dont la vocation et la raison d'être sont de défendre le droit et la justice, opposent la realpolitik à la légalité internationale et suggèrent que la première prévale sur la deuxième”. Réaffirmant son engagement indéfectible à la cause sahraouie, l'Algérie considère que “les seules négociations valables et limitées au royaume du Maroc et au Front Polisario, qui sont les deux parties du conflit, sont celles qui portent sur les modalités de mise en œuvre du plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, approuvé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1495 (2003)”. Alger dénonce également que sa position sur la question, exprimée dans une lettre adressée par Abdelaziz Bouteflika, n'ait pas été, comme c'est la pratique, reflétée dans le rapport. La seule solution “politique optimale” reste pour l'Algérie, la mise en œuvre du Plan pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, approuvé par le Conseil de sécurité. “En ce qu'il représente un compromis délicat entre les positions des deux protagonistes.” C'est la seule voie, affirme la lettre, de nature à assurer un règlement juste et définitif du conflit sahraoui. Cette position a également été exprimée à Kofi Annan, hier, par Mohamed Bedjaoui, lors d'une rencontre à New York. Le MAE a mis en garde contre “la grande dérive qui risquerait de s'en suivre si le Conseil de sécurité et le secrétaire général de l'ONU perdaient de vue cette légalité internationale, car cela pourrait entraîner de graves conséquences sur la stabilité de la région”. Samar Smati