les «dissidents» n'entendent pas en rester là. Six militants et non des moindres (Walid Bou-abdallah, député et président de la commission des affaires étrangères à l'APN, Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture, Mahmoud Khodri de Batna, Mohamed Laoufi de Mascara et El-Houari Lakoues, député et vice-président de l'APN) devaient comparaître devant cette instance pour différents motifs, notamment pour travail fractionnel. Or «les mis en cause» ne s'étaient pas présentés. Une attitude qui témoigne d'un malaise sérieux qui semble couver au sein du vieux parti. En effet, en ne reconnaissant pas le droit à la commission de discipline de statuer sur leur cas, les militants en question, qui ont ouvertement pris parti en faveur de Bouteflika n'entendent certainement pas en rester là. Rappellons que Saïd Barkat s'est illustré par une déclaration incendiaire dénonçant la manière dont a été géré le dernier congrès du FLN. Walid Bouabdallah, quant à lui, a fait circuler au sein du groupe parlementaire de son parti une motion de soutien à Bouteflika. Deux actions qui justifient la convocation de la commission de discipline. Cependant, il semble que les «dissidents» assument leurs actes. En effet, on croit savoir que le président de la commission des affaires étrangères à l'APN fait montre d'une activité débordante en coulisses et on lui attribue une initiative visant à créer, au sein même du groupe parlementaire, une sorte de dissidence au parti majoritaire, tout en se réclamant du FLN. Une tentative qui, dit-on, fait son petit bonhomme de chemin, mais qui trouve beaucoup de difficultés à se matérialiser encore, la majorité des parlementaires de cette formation ayant adopté la position du wait and see. La tentative de déstabilisation de Benflis ne vient pas seulement de l'institution législative. D'autres militants acquis à Bouteflika travaillent, affirme-t-on, en sous-marin, pour amener le comité central à imposer la fameuse motion de soutien et se préparent activement au congrès extraordinaire du parti qui, soulignent certaines sources, peut réserver beaucoup de surprises. Saïdani, membre du CC et président du comité de soutien au Président de la République, serait, dit-on, en contact avec de nombreux cadres du parti susceptibles de basculer dans le camp de Bouteflika. Cette information est néanmoins contredite par des proches de Benflis qui affirment que le comité central, comme le bureau politique, sont entièrement acquis à la légalité et ne donnent, en tout cas, aucun signe de dissidence. Benflis n'est réellement pas inquiété de ce côté-là, insistent ces sources. Cependant, on croit savoir que de «petits conclaves», à ce jour sans influence réelle sur la stabilité du parti, réunissent les mécontents du parti, mais peuvent, le cas échéant peser sur la balance. A ce propos, une rumeur circule dans le microcosme politique algérois, attestant que le secrétaire général du FLN pourrait être pris à partie par certains militants lors de son déplacement à Sidi Bel-Abbes et Mostaganem prévu pour ce week-end. La question de la présidentielle serait mise sur le tapis par les pro-Bouteflika qui seraient assez nombreux dans cette région du pays. Face à cette offensive souterraine, les partisans de Benflis ne restent pas les bras croisés et multiplient les contacts à tous les niveaux pour garantir l'unité des rangs d'ici au prochain congrès du parti. Nos sources reconnaissent que l'équipe du SG a tout même fait du bon travail, en évitant une scission du FLN. La présentation des six mécontents devant le conseil de discipline, hier, n'est qu'une action parmi d'autres, mises en branle aux fins d'assainir sérieusement les rangs. Le refus de comparaître de Barkat et de ses compagnons leur permet de gagner du temps et de poursuivre leur travail au sein même des instances du parti. Lequel temps joue contre le camp de Benflis. En effet, l'équipe qui tient les rênes du FLN a grand intérêt à stabiliser cette formation pour de bon avant d'aller à un congrès extraordinaire. Au jour d'aujourd'hui, l'on peut affirmer que rien n'est encore joué, même si Benflis semble avoir une longueur d'avance sur ses adversaires du moment.