L'orateur s'en est violemment pris à la gestion du 8e congrès par le secrétaire général du FLN. Le président de la commission des affaires économiques de l'APN, Ouahid Bouabdellah, a vidé, hier, son sac sur Ali Benflis, à l'occasion de son passage au forum hebdomadaire de notre confrère El Youm. “M. Benflis nous a trahis et a trahi tous les militants du FLN qui croyaient naïvement qu'il était l'homme idéal.” C'est en ces termes peu amènes que le député a entamé son réquisitoire contre le secrétaire général de son parti qu'il accuse d'avoir réinstauré le “régionalisme et le clanisme” au sein du parti. “J'ai été étonné de constater que les militants s'assoient selon leur région d'origine, y compris à l'APN”, dit-il franchement désolé. “Je serai contre sa candidature à la présidentielle car il a trahi les militants”, martèle plusieurs fois l'orateur qui étalait sa grande déception vis-à-vis de l'homme qu'il croyait être “idéal”. Revenant sur les “péripéties” du congrès, Bouabdellah fait d'abord remarquer qu'“il y avait plus de congressistes qu'il en fallait”. “Il a été bien orchestré”, affirme-t-il, ironique. Il en veut pour preuve qu'un simple militant s'est vu “catapulté” membre du comité central. L'ex-bras droit de Benflis s'est dit étonné de voir les membres du congrès s'asseoir selon leur région d'origine. “Il a provoqué la fitna et le clanisme” avant même le début des travaux des assises. Le député avoue n'avoir rien compris des objectifs du congrès. “Nous avons assisté sans comprendre quoi que ce soit au déroulement du congrès, et les décisions et autres résolutions pleuvaient et étaient votées à l'unanimité”, se souvient Bouabdellah comme pour suggérer que le congrès était cousu de fil blanc. Mais ce qui lui fait le plus mal, c'est le fait qu'on l'eut catalogué dans une opposition. “Il n'y avait aucune opposition, nous étions tous derrière le SG. Mais, un mois avant le congrès, j'ai senti qu'il y avait quelque chose qui se tramait et j'ai appelé cinq fois M. Benflis. Mais il ne m'a jamais répondu ni reçu”, raconte l'orateur. Il en veut aussi à son SG d'avoir remis en cause le jeu démocratique en optant pour les nominations au lieu des élections. “Tout le monde est nommé ! Moi, le zaïmisme, je n'en veux pas !”, fulmine Bouabdellah. Il est convaincu d'une chose : “Benflis a changé.” Dans le mauvais sens bien sûr, pour ce président d'une commission parlementaire, qui devait passer, hier, en conseil de discipline du FLN. Il regrette le fait que le portrait du président de la République ait été enlevé de la salle de conférences de l'hôtel El-Aurassi avant le début des travaux. “Je pense que ce fut la preuve de la rupture du contrat de confiance entre Bouteflika et Benflis”, affirme Bouabdellah. A une question de Liberté, s'il allait soutenir donc Bouteflika, le député déclare ceci : “Il faut reconnaître que c'est grâce à Bouteflika que le FLN a fait sa mue.” Un alignement ? Non, rétorque Bouabdellah qui réserve sa position pour plus tard, tout en excluant catégoriquement son soutien à Benflis, “sauf si le FLN présentait un autre candidat”. Il lui en veut d'autant plus “qu'il n'a pas eu le courage de démissionner alors qu'il n'exerçait aucune prérogative comme il l'a lui-même déclaré”. Pour toutes ces raisons et d'autres encore, Ouahid Bouabdellah pense que “Ali Benflis a trahi ses militants et tous ceux qui ont cru en lui”. Il a, par ailleurs, livré quelques révélations croustillantes sur le fonctionnement du système, sur la passation des marchés publics et bien sûr sur le congrès du FLN et ses soubresauts, qu'il promet de rendre publiques sous forme d'un livre ; histoire de laver le linge sale en public. H. M. Réunion de la commission centrale de discipline du FLN Saïd Barkat ne s'est pas présenté La commission centrale de discipline du FLN s'est réunie, hier, au siège du parti. Elle devait statuer sur les cas disciplinaires constatés depuis la tenue du dernier congrès. C'est “l'affaire concernant Saïd Barkat” qui devait être traitée hier, mais devant son absence, la commission, présidée par Kamiri Mohamed, a décidé, indique-t-elle dans un communiqué rendu public à l'issue de sa réunion, de différer sa décision à vendredi prochain et ce, “en vue de s'assurer de la citation de l'intéressé selon les procédures d'usage”. La commission a, par ailleurs, reporté l'examen des autres cas disciplinaires à une date ultérieure. Ceux qui sont passibles de sanction ne sont autres que les députés du parti Wahid Bouabdellah, Ahmed Mamouni, Mahmoud Khodri et Layachi Daadoua. Ils contestent tous la ligne imprimée au FLN lors de son 8e congrès. S. R.