«N´oublions jamais que l´art n´est pas une forme de propagande, c´est une forme de vérité.» John Fitzgerald Kennedy L´Egypte a produit plus de 50 feuilletons cette année à l´occasion du 50e anniversaire de la création de la télévision égyptienne, mais à côté des feuilletons dramatiques et comiques, il y a un feuilleton politique El Gamaâ (Le groupe), qui fait actuellement polémique et qui raconte l´histoire du fondateur du mouvement des Frères musulmans, Hassen El Bana. Ce feuilleton a provoqué une polémique politique, non pas au sein de la société égyptienne, mais entre le gouvernement et le mouvement des Frères musulmans, qui reste autorisé en Egypte et possède même des députés au Parlement. Contrairement à ce qui était attendu, l´oeuvre est loin d´être une fiction, en évoquant la montée du mouvement islamiste, mais bien une oeuvre de propagande destructrice, qui offre une mauvaise réputation du fondateur du mouvement islamiste égyptien. Il est présenté comme un homme impulsif qui se met en colère devant les plus grands chouyoukh d´El Azhar, un homme sans éducation, sans scrupules, sans principes et surtout malin, qui saisit toutes les opportunités qui lui sont offertes comme l´utilisation d´école coranique en tant que siège du parti. Si certains faits sont véridiques, ils sont exagérés dans la présentation. Ainsi dans un épisode diffusé par la chaîne Nil Drama, Hassen El Bana offre un repas garni à un imam pour le corrompre et le convaincre de donner des cours de théologie dans sa mosquée. Hassen El Bana est montré aussi comme un homme calculateur qui n´hésite pas à placer son meilleur ami, comme chef du mouvement dans sa région natale. Comme cela ne suffit pas, le réalisateur et auteur du feuilleton Wahid Hamed, implique Ezzat El Alaïlli, comme narrateur du feuilleton, qui n´hésite pas à parler de Hassen El Bana, plus comme un criminel et opportuniste que comme un religieux, chef d´un mouvement politique islamiste. En réalité, c´est le gouvernement égyptien de Moubarak qui est derrière cette oeuvre biographique sur le fondateur du premier mouvement islamiste dans le monde. L´Etat égyptien, à travers son ministre de la Communication a avoué avoir offert à cette production indépendante 22 millions de livres égyptiennes soit 3,8 millions de dollars pour la production et la réalisation de ce feuilleton. Le feuilleton a été finalisé il y a trois ans, mais il n´a été diffusé que cette année durant ce Ramadhan en raison du temps d´audience élevé. L´objectif inavoué du gouvernement égyptien est de présenter cette oeuvre négative sur le mouvement islamiste juste quelques semaines avant les législatives, et cela pour barrer la route du mouvement islamiste, qui risquerait de prendre plus de sièges cette année, en raison de la situation sociale désastreuse de l´Egypte, qui ne cesse de plonger dans la pauvreté et la misère, alors que l´élite et la classe gouvernante égyptienne vit dans la richesse et l´opulence. Contrairement à ce que les observateurs pensaient, l´Egypte n´est pas arrivée à un stade de liberté d´expression qui lui permettrait de présenter une oeuvre qui critiquerait sa gouvernance et son passé politique. L´oeuvre sur la vie de Hassen El Bana, est avant tout de propagande diligentée par le pouvoir égyptien pour sauvegarder ses acquis politiques et surtout éliminer un adversaire politique qui pourrait lui jouer de mauvais tours aux prochaines élections législatives comme en Algérie, en 1991 ou comme en Palestine avec le Hamas. [email protected]