Lorsque le procureur avait requis quinze ans de prison ferme, les deux inculpés de commercialisation de drogue ont dû maudire cette journée où ils invitèrent cette jeune autostoppeuse à monter à bord de la voiture où se trouvait un kilo de... came ! Le prévenu de détention de came a mené la vie dure à Hadj Rabah Barik, ce patient juge du pénal, en affirmant que la drogue avait été déposée par une jeune fille prise en stop sur la route de Douaouda et se dirigeant vers Boufarik. «Alors, où est la vérité ? Qu'est devenue cette fille ?», note le président qui cherche à faire le lien avec cette jeune dame et la présence de drogue dans la voiture avec les trois personnes à bord. «Je ne l'ai pas vu déposer le poison, mais quelque chose m'oriente vers elle. Nous étions deux sagement assis lorsque cette intruse est venue placer une bombe à retardement», explique Younès, le premier détenu qui a ajouté qu'il avait sorti le couteau vite remis aux gendarmes qui avaient découvert deux quantités de drogue dont l'une se trouvait sous la ceinture de Younès F. Et ici, le juge est formel. Le second prévenu est vite informé par le juge qu'au vu de ce qu'il porte, ce n'est nullement un démuni «Si vous voulez parler des fringues on nous les a prêtés en prison où la solidarité entre les détenus a une excellente réputation», rétorque Ali M., nullement gêné ou stressé par la remarque de Barik Un autre point sombre a été «éclairé» par le juge. Le sac à main porté par l'autostoppeuse. «Elle le portait sous l'aisselle et je crois qu'il y avait aussi un petit sachet qui contient quoi, je l'ignore», a articule Younès que le juge a un peu aidé. «Le sac sous l'aisselle, mais le sachet était où ?» Younès ne répond pas. Samir Hamali, le représentant du ministère public, requiert quinze ans de prison ferme et un million de dinars d'amende. Les deux avocats restent de glace. Maître Ismaïl Adel est le premier avocat à intervenir pour protester contre le fait que les procédures doivent être annulées. «Où est passé l'autostoppeuse ?» s'est écrié l'avocat qui soulève le doute avec cette troisième personne absente des débats. Barik, le juge, réplique de suite que les déclarations faites devant le magistrat instructeur l'ont été spontanément suite à des questions précises du juge. Donc, c'est clair. Maître Hamouche, le deuxième conseil, s'élève lui aussi contre le fait que son client Djillali savait ce que contenait le véhicule. Et lui aussi va brandir l'autostoppeuse dont la présence aurait conduit les débats sans une ambiance sereine. «La réalité est que l'organisation mondiale de la commercialisation de drogue est derrière cette catastrophe», a balancé le jovial avocat qui n'aura que sa patience à attendre le verdict mis sous examen sous quinzaine. Il est vrai que les inculpés, invités à prononcer le traditionnel dernier mot que leur confère la loi, sont restés muets...