Sur fond de progression de la production nationale en ciment, le gouvernement décide de recourir à l'importation. Lors de son dernier Conseil interministériel présidé par M.Ahmed Ouyahia avant-hier, le gouvernement a décidé d'orienter les cimenteries algériennes vers l'importation de pas moins d'un million de tonnes de ciment pour réduire les tensions sur ce produit que connaît, depuis quelque temps le marché des matériaux de construction. Cette mesure, qui obéit, selon les pouvoirs publics, à la «dynamique particulière liée à la relance des programmes de logements», est également accompagnée par la décision d'inclure les matériaux de construction dans le bénéfice de la peréquation des frais de transport dans le sud du pays. Elles s'inscrivent, selon le communiqué du Conseil interministériel, dans le cadre de l'accompagnement de la politique de soutien à la relance économique en général et de la construction de logements en particulier. Rappelons à cet égard, que le chef de l'Etat en personne, avait, lors du premier Conseil des ministres après la formation du gouvernement Ouyahia, insisté sur la prise en charge de ce dossier par le nouvel Exécutif. Toutefois, d'ores et déjà, il faut mentionner que les quantités de ciment à importer seront adaptées en fonction du renforcement des capacités de production locales estimées en 2002 à près de 9 millions de tonnes. En effet, la production nationale en ciment des 12 cimenteries du pays a atteint 8,95 millions de tonnes en 2002, soit une augmentation de 7,50 % (625 305 tonnes de plus) par rapport à la production réalisée en 2001 selon des données publiées par la revue spécialisée Ciment et dérivés dans son dernier numéro. C'est l'Entreprise régionale de ciment de l'Est ( Erce ) qui a réalisé la meilleure performance puisque, selon cette revue, cette entreprise a produit, à elle seule, près de la moitié de la production nationale de ciment avec un résultat de 4,16 millions de tonnes. L'unité de l'ouest du pays Erco a produit elle, 1,88 million de tonnes. Elle est suivie par l'Ercc (Centre) avec 1,55 million de tonnes et l'Ecde de Chlef dont la production a atteint 1,35 million de tonnes. Cela sans compter la production de la société «Algérian Cement Compagny», filiale du groupe égyptien «Orascom Construction Industrie» qui produira ses premiers ciments dans sa nouvelle usine de M'sila en août prochain (2 millions de tonnes dans un premier temps, et 4 millions de tonnes en phase de croisière). Néanmoins, cet accroissement de la production nationale de ciment en termes de chiffres, qui semble appréciable, ne doit pas occulter le fait que ce matériau de construction connaît de temps à autre des crises cycliques pour ne pas dire chroniques, soit en termes de rareté du produit, soit en matière de hausse effrénée de son prix à la vente. Certains connaisseurs du marché, très au fait des transactions qui se font sur ce produit, n'hésitent pas à imputer les déréglementations remarquées de temps à autre dans ce secteur, aux usines mêmes qui, selon leurs dires, au lieu de vendre leur production directement aux entreprises de construction, passent parfois par des intermédiaires bien introduits, pour ne pas dire des spéculateurs qui fabriquent artificiellement des pénuries en stockant le produit pour le vendre encore plus cher et rafler la différence. Le phénomène de surchauffe de la demande sur le ciment est lié, avant tout, à la hausse du rythme des constructions des logements (publics et particuliers) et des infrastructures de base (trémies) et dont les conséquences, en termes d'accroissement de la demande dans ce secteur, n'ont pas été bien planifiées selon les spécialistes du secteur. La grande question qui se pose est de savoir maintenant si ce recours à l'importation de ce matériau de construction sur fond quand même de progression de la production nationale, restera provisoire ou deviendra, comme par le passé, permanent?