En annonçant au juge que les deux témoins ne viendront pas dans quinze jours, l´auteur de l´abus de confiance a... Abdelhakim F., la trentaine, est poursuivi d´abus de confiance, fait prévu et puni par l´article 376 du Code pénal et dont la sanction peut aller de trois mois à trois ans d´emprisonnement ferme et d´une amende de cinq cents à vingt mille dinars. La victime Abdelsamie W., trente-neuf ans le jour du procès, a constitué Maître Lamouri, l´avocat de Dar El Beïda, qui s´était déplacé à Hussein Dey très tôt car les non-détenus passent souvent avant l´arrivée des détenus dont le transport pose d´énormes problèmes aux services de sécurité, qui usent du système «D» pour être à l´heure dans la vingtaine de tribunaux des wilayas et cours qui entourent celle d´Alger avec ses deux pourtant immenses taules: Serkadji et les «Quatre Ha» d´El Harrach. Deux mastodontes à histoires... Et lorsque Maître Benouadah Lamouri arrive très tôt, c´est pour régler son compte au délit et à celui qui le traîne ou qui s´y frotte. Ce sera Khaled Benyounès, le jovial juge du mardi un jeune juge tout heureux de la naissance d´un garçon en cette fin d´année 2010, sera encore plus heureux de revoir ce bon vieux renard des juridictions plaider en face car le paradoxe a fait que Benyounès était, avant de plonger dans le bassin de la magistrature... avocat. Une vieille connaissance en somme. Et ce n´est pas à Maître Lamouri que l´on donnera des leçons à faire des tours de passe-passe, histoire de jouer pleinement son rôle de défenseur, surtout que le dossier du jour est aussi clair que l´eau de roche. En effet, Abdelhakim F., était venu d´El Mohammadia, de Mascara sur Makaria, ce paisible quartier populaire de Hussein Dey (Alger) acheter de la quincaillerie. Un gros achat frisant le milliard et demi de centimes. Le visiteur d´occasion alla voir Abdelsamie.W., qui possède un hangar qu´il ouvrira pour le commerçant lequel entreposera sa marchandise en présence de deux témoins. Quelques jours après, le pauvre bonhomme est informé que le hangar est vide, et que la quincaillerie s´est évaporée. Jouant de ruse, de malice, de mauvaise foi, de, de et de... celui qui venait de pratiquement, abuser de la bonne foi du commerçant, allait jouer de l´expression: «Va te plaindre, tu n´as aucune preuve que tu m´as remis la marchandise.» Abattu mais pas encore à terre, le pauvre Abdelhakim constitue Maître Lamouri qui n´aura en main que les deux témoins qui s´absenteront lors de la première comparution. Et devant cet état de fait, le juge ne peut pas aller au fond. Tout comme pour la victime, la présence de ces deux précieuses personnes est utile, nécessaire et obligatoire. Maître Lamouri fait contre mauvaise fortune bon coeur surtout que l´inculpé commet un faux pas. «Il ne viendront pas, M.le Président», balance fièrement et gauchement l´inculpé Abdelsamie. Et Maître Lamouri de saisir la balle au bond: «M.le Président, vous avez déjà en main une affirmation. C´est-à-dire qu´il les connaît. Je lui souhaite bien du plaisir...» «Maître, le procès est renvoyé sous quinzaine. Quant aux témoins, ils seront là, ne vous en faites pas, le tribunal y veillera...», tranche le président qui s´aperçoit de la mine défaite, avant les débats, de l´auteur de l´abus de confiance dont la véracité ne pourra être établie qu´après l´audition à la barre des deux témoins. En attendant, Maître Lamouri s´échauffe à... Boumerdès.