Le vieillard venu en appel se plaindre d´avoir été rossé au pied de l´ascenseur, avait un air pitoyable que le jeune agresseur... La victime, un septuagénaire, a passé douze minutes à raconter l´agression subie dans l´ascenseur où se trouvait également un voisin jeune et bien portant. Il retiendra l´attention de Fouzia Oudina, la juge. Mélangeant les coups, les menaces, la tension artérielle et l´autre, oculaire, le vieillard qui s´exprimait en langue française n´a pas manqué de crier haut et fort sa douleur à la suite de la raclée qu´il aurait reçue depuis le 11e étage. «Il a pris ma tête et l´a cognée contre le mur. Il m´a battu jusqu´à ce que la tension artérielle atteigne le 20 et l´autre oculaire, 49. La cause est que le poids des personnes ayant pris place dans l´ascenseur avait poussé le vieillard à demander à son voisin de descendre et donc d´alléger la situation. Il l´a fait en tant que gardien dans l´immeuble. «J´ai pris la précaution de lui demander gentiment de quitter l´ascenseur plein comme un oeuf.» Sofiane, l´inculpé de coups et blessures, rappellera plus tard, que la date du certificat médical est datée du 5 août 2010 et que la rixe a eu lieu le premier du même mois. «Quatre jours pour établir un certificat médical, n´est-ce pas un peu trop pour vouloir poursuivre alors que si la visite médicale avait eu lieu le jour des faits, mon adversaire aurait eu plus de chance d´obtenir un arrêt de travail plus consistant et bon pour les poursuites.» On avait cru entendre un avocat, tant le prévenu était dans de bonnes dispositions et de très bonnes, même...Le trio de magistrats avait sous les yeux, les attendus du jugement. Cela aide beaucoup dans la compréhension des faits. Il est vrai que dans tous les cas de figure, les parties en présence repartent du même pied en appel. Les chances d´être compris et suivi sont les mêmes. «On repart à zéro et on refait le procès sur de bons raisonnements et surtout pour que la vérité apparaisse, seule la vérité compte», préviennent souvent les juges du siège, qui tiennent à remettre les pendules à l´heure lorsqu´ils sentent des irrégularités au niveau du tribunal. Et d´ailleurs, l´appel avait été prévu par le législateur pour redresser éventuellement les bévues commises en première instance. Des bévues souvent grossières et grotesques qui n´honorent ni le juge coupable ni la justice à qui il reste - via l´appel - de rejuger convenablement le dossier et de livrer pieds et mains liés, le verdict adéquat, celui qui va avec les faits et la vérité. Et Fouzia Oudina, la présidente, n´a pas dû oublier la «bêtise» de sa jeune collègue de Chéraga (cour de Blida) qui avait obéi aveuglément à une «instruction» venue d´une instance extraterrestre, qu´elle n´avait même pas pris la peine de parcourir le dossier pour y découvrir que Sabah, la dame qu´elle avait condamnée pour complicité de faux, complicité avec son père Mohamed Chérif, la fraîche condamnée n´était âgée alors, au moment des faits, que de trois mois ou si vous voulez douze petites menues semaines ou encore-allons-y, 90 jours! A méditer donc. C´est dans ce sens qu´en écoutant le vieillard mettre en avant la tension artérielle, les coups et blessures, la bousculade, la tension oculaire et tutti quanti, la brave Oudina a préféré prendre du recul et mettre en examen l´affaire, histoire de juger sereinement, car 2011 ne sera jamais 2010 et ce, sur toute la ligne, une ligne qui doit voir la justice être respectée partout et par tous.