«Quand on dit que Nessma TV a cassé le blocus, c´est faux! Le régime a autorisé cette émission spéciale.» Taoufik Ben Brik Alors que le pays est dans l´incertitude politique, les deux télévisions privées tunisiennes préparent un complot pour récupérer le paysage audiovisuel tunisien. Nessma TV et Hannibal TV, qui étaient restées bien silencieuses depuis le début de la crise, se sont soudainement réveillées, dès l´annonce du départ de Ben Ali, vendredi à partir de 16h. Malgré l´annonce lancée par Ben Ali, jeudi, d´ouvrir le champ audiovisuel à la politique, Nessma TV et Hannibal TV avaient préféré diffuser des films et des docs. Nessma TV a même choqué les Maghrébins en diffusant un film de James Bond. Il a suffi que le président Ben Ali quitte le pouvoir pour que la chaîne Nessma TV prenne la peine d´installer un plateau et d´inviter des personnalités politiques pour débattre ouvertement de la crise. Cette chaîne a même choisi son camp, puisqu´elle s´est mise dans l´opposition au pouvoir et au système Ben Ali. En colorant son logo en noir et diffusant des messages de soutien et de condoléances aux familles des victimes, se démarquant des télévisions proches du système et du régime Ben Ali. Cela au moment où la télévision publique TV7 avait déjà entamé son ouverture en diffusant sa première émission politique «El hak maak» (tu as le droit), réalisée par Cactus Prod. La concurrence audiovisuelle est définitivement lancée en Tunisie et chaque télévision tente de décrocher la première, l´exclusivité de l´information sur Ben Ali. Durant cette journée mémorable pour les Tunisiens, c´est Nessma TV qui décrochera les deux premiers scoops. Le premier scoop obtenu par la télévision de Karoui, c´est l´interview du pilote qui avait refusé de conduire l´avion qui devait faire fuir la famille Trabelsi. Ce scoop a valu à Nessma de figurer dans le fil de la chaîne Al Jazeera. Quelques minutes plus tard, le même intervenant sera reçu par téléphone sur TV7 et Hannibal TV. Deuxième scoop de Nessma TV, c´est l´intervention par téléphone du président par intérim, Mohamed Ghannouchi. Sur le plateau, l´animateur-vedette et surtout producteur de l´émission Nass Nessma, M.Ghrebi, s´oublie et l´appelle déjà monsieur le président. Ghannouchi fera ensuite deux interventions téléphoniques, tard dans la soirée du 14 janvier, avec les deux chaînes de télévision Hannibal TV et Canal 7. Mais ce que les téléspectateurs maghrébins ont remarqué c´est que les débats qui étaient visiblement instrumentalisés orientaient leurs attaques contre une boîte de production bien précise: Cactus Production. Les raisons sont simples Sami Fehri, propriétaire de Cactus Prod est un proche du système. Ses émissions injectées dans la grille de la chaîne locomotive du service public (TV7) sont nombreuses et ont remporté toutes un franc succès comme «Andi ma nqoullik» (Ala Chebbi), «El Haq ma´ak» (Moez Ben Gharbia), «Ahna hakka» (Nizar Chaâri) et «Sofiane Chow» (Sofiane Chaâri) «Stade 7» (Moez ben Gharbia). Grâce au système de bartering, il décroche des contrats publicitaires faramineux. L´objectif de Hanni-bal TV et surtout Nessma TV, c´est d´écarter Cactus Prod et de se partager la manne publicitaire qui est estimée à plusieurs centaines de millions d´euros et surtout mettre en échec la création de la chaîne de télévision Carthage TV, qui devait être dirigée par Sami Fehri et un parent de la famille Trabelsi. [email protected]