Le vent de Tunis souffle maintenant du côté Est où l'Egypte, minée par les problèmes de chômage, corruption, répression, misogynie, est à faire face à une contestation de plus en plus grandissante du régime de Hosni Moubarak qui règne sans partage depuis trente ans sur le pays. Et comme il fallait s'y attendre, les proches de Moubarek commencent à prendre leurs précautions. Ainsi, et si l'on croit aux organes de presse britannique et sites d'information arabes, la famille de Hosni Moubarak a fui mardi soir en direction de Londres. D'après ces sources, la Première dame d'Egypte Suzanne Moubarak et ses fils Alaa et Gamal Moubarak seraient arrivés à l'aéroport d'Heathrow à bord d'un jet privé. Le site arabe Akhbar al-Arab précise que le clan Moubarak serait arrivé avec pas moins de 97 bagages. Une précision qui laisse présager un séjour prolongé en Europe. Qu'il y ait parmi ces fuyards, le fils du président égyptien Hosni Moubarak, considéré comme son successeur indique, par ailleurs, que la panique s'est, bel et bien, emparée de la sphère du pouvoir en Egypte où la crise politique semble s'installer. C'est ce qui se dessine de la situation qui semble empirer à l'instar des troubles violents qui ont encore éclaté hier au Caire et dans d'autres villes égyptiennes où des dizaines de milliers de personnes continuent à manifester en revendiquant le départ de Moubarek. Les affrontements ont opposé essentiellement policiers et manifestants dans le centre du Caire et dans la ville de Suez, à l'est de la capitale égyptienne, alors que des milliers de manifestants se rassemblaient devant le palais de justice dans le centre du Caire. "On veut la chute du régime", scandait la foule alors que les autorités égyptiennes faisaient savoir qu'elles ne tolèreraient pas de nouvelles manifestations anti-gouvernementales. Par ailleurs, apprend-on, le gouvernement a fait bloquer Twitter et plusieurs autres sites internet comme facebook pour tenter d'éviter un embrasement et une forte visibilité du mouvement, les communications mobiles étant éteintes dans une partie du pays, craignant surtout que ne se généralise le mouvement pour la démocratie auquel devaient répondre, mardi, quelque 15.000 Egyptiens -selon Al Jazeera, plus de 50.000- qui ont réclamé le départ de Hosni Moubarak. Ainsi donc, le pouvoir a peur de l'Internet qui a permis aux jeunes égyptiens d'organiser les manifestations et surtout de prendre eux-mêmes en main la médiatisation du mouvement, comme en Tunisie. Sur Facebook, par exemple, 87.000 personnes s'étaient inscrites à l'appel. Pour sa part, Twitter a été aussi coupé pour éviter que les journalistes et les manifestants ne communiquent en temps réel sur l'état des manifestations et les éventuelles exactions.