Au quatrième jour des manifestations, des dizaines de milliers de jeunes se sont heurtés violemment aux policiers déployés en force, particulièrement au Caire. Un véritable état de guerre régnait, hier, dans les rues des principales villes égyptiennes où se sont poursuivies les manifestations qui sont à leur quatrième jour. Le centre du Caire est notamment le théâtre de violents heurts entre forces de l'ordre et manifestants. Des centaines de blessés sont à déplorer tandis que le bilan des victimes s'est alourdi: neuf personnes auraient été tuées depuis mardi, dont deux hier. Plusieurs journalistes étrangers ont été molestés et arrêtés. Face à la déferlante humaine, le président Moubarak a décrété hier, un couvre-feu au niveau des trois villes que sont Le Caire, Alexandrie et Suez. Une décision qui n'a duré que quelques heures, puisque le Raïs a été obligé d'étendre le couvre-feu à toute l'Egypte, près de deux heures après un premier décret. Le président a également demandé à l'armée de faire respecter l'ordre avec la police qui a été totalement débordée par une foule déchaînée. La Révolution du jasmin en Tunisie a fini par atteindre les bords du Nil. Au quatrième jour des manifestations anti-Moubarak, des dizaines de milliers de manifestants se sont heurtés violemment, aux policiers déployés en force, particulièrement au Caire. Ni ce dispositif sécuritaire impressionnant, ni les communiqués à la télévision rappelant que les marches sont interdites, n'ont pu dissuader les jeunes Egyptiens à braver le pouvoir de Moubarak. Le siège du gouvernorat d'Alexandrie et deux commissariats de police au Caire ont été incendiés par les manifestants. Des affiches du parti au pouvoir ont été arrachées et des bâtiments officiels ont été également attaqués et endommagés. C'est dire qu'il ne s'agit pas d'une simple manifestation mais d'un mouvement de contestation sans précédent contre le président Moubarak, et qui s'amplifie. Alors que l'armée fait mouvement dans les villes d'Alexandrie et de Suez, des feux font rage en différents endroits du Caire où les manifestants ont pris d'assaut le ministère des Affaires étrangères, selon Al Jazeera. Face aux milliers de manifestants, les policiers ont usé de bombes lacrymogènes, de canons à eau et de balles en caoutchouc. L'inquiétude était à son comble au niveau des chancelleries étrangères qui multipliaient les avertissements envers le pouvoir de Moubarak et des appels au calme. Barack Obama s'est dit «très préoccupé» par les événements qui se déroulent en Egypte et a de nouveau appelé Le Caire à respecter les droits des Egyptiens et à rétablir l'accès à Internet et aux réseaux sociaux. De son côté, la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a appelé le gouvernement égyptien à «faire tout ce qui est en son pouvoir pour réfréner les forces de l'ordre» et dénonce le blocage ‘‘sans précédent'' des communications dans le pays». Pour sa part, la chancelière allemande, Angela Merkel, appelle Moubarak à autoriser les «manifestations pacifiques». Tout ce qui symbolisait le pouvoir de Moubarak et son parti a été pris pour cible par les manifestants qui répondent à l'appel du «Mouvement du 6 avril». Il s'agit d'un groupe de jeunes pro-démocratie, réclamant le départ du président Moubarak et de meilleures conditions de vie dans un pays où plus des 40% des 80 millions d'habitants vivent avec moins de 2 dollars par jour et par personne. Face à cette grogne, le chef de la commission parlementaire des Affaires étrangères et membre du parti de M.Moubarak, Moustapha al-Fekki, a appelé le président Moubarak à «des réformes sans précédent» pour éviter une «révolution». Que ce soit à Alexandrie, au Caire, à Damiette ou à Mansoura, les manifestants ont scandé les mêmes slogans: «Liberté, liberté», «A bas Hosni Moubarak» ou encore «Le peuple veut la chute du Régime». En dépit de la coupure qui a touché la téléphonie mobile et Internet, une première par son ampleur dans le monde, selon des experts, la mobilisation populaire n'a pas faibli. L'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), Mohamed El Baradei, qui a participé aux manifestations avant de se réfugier dans une mosquée, apparaît d'ores et déjà comme la figure qui cristallise la dynamique de changement.