Il arrive un moment où il faut se poser quand même des questions: d´où souffle ce vent béni mais violent qui agite les foules arabes? On a beau dire qu´il faut se méfier de l´eau qui dort, mais tout de même il y a des situations qui interpellent le plus demeuré des résidents de ce côté de la Grande bleue! Jusqu´à présent une paix sereine régnait sur ces peuples, du golfe Persique au mur de l´Atlantique, dressé par le pouvoir du chérif de Casablanca contre les Sahraouis avec l´aide américaine. Certes, ces peuples désunis, malgré la communauté de langue et de religion, n´avaient ni le même niveau de vie ni les mêmes préoccupations: certains regardaient à l´Est en faisant du trabendo, d´autres regardaient leurs dictateurs manger leurs pétrodollars en herbe tandis que d´autres embrassaient la main de leur seigneur en priant intérieurement qu´il meur stérile et sans successeur. D´autres n´avaient qu´un seul but: franchir le cap de «bonne espérance» qui se trouve pas loin du côté de Gibraltar. La plupart avait même oublié le problème palestinien tant cette écharde plantée au coeur de leur mémoire est vieille comme ces vieilles cicatrices ou ces anciens rhumatismes qui ne s´éveillent qu´avec le retour de la saison froide et humide. Mais alors qu´est-ce qui ou bien qui a bien pu réveiller ces peuples d´une léthargie séculaire? Aladin aurait-il secrètement ou par mégarde frotté sa bonne vieille lampe à huile rance, récupérée lors du pillage du musée de Baghdad, ou alors, un clochard éméché de la Goulette se serait-il trompé de bouteille et a libéré un génie malfaisant programmé pour faire le ménage dans les écuries d´Augias? Seul l´avenir qui a cette propriété machiavélique de n´ouvrir ses archives qu´une fois périmées, nous le dira. Pourtant, le vent a soufflé, non pas ce vent panique qui saisit les bergers et les oblige à lâcher leur houlette et jouer de la flûte pour exorciser leurs fantasmes, non pas ce vent du sud, le foehn, cher à Hugo et à Mammeri, qui rend les gens fous et les pousse à quitter les sentiers de la raison... Non, ce vent pernicieux qui pousse la jeunesse à secouer les cocotiers transformés en mâts de Cocagne où se sont réfugiés des vieillards cupides et sclérosés doit bien souffler de quelque part! On a beau se mouiller l´index et l´exposer au vent, rien n´y fait: la boussole, comme la rose des vents, semblent en panne. Pourtant, à bien réfléchir, il paraît improbable que cette maladie qui affecte les jeunesses arabo-musulmanes, de Téhéran à Agadir en passant par l´Arabie Heureuse, n´est pas due à une quelconque bactérie ou virus transporté par les criquets pèlerins; ce n´est pas une pandémie comme la fièvre porcine, le Sras ou la grippe espagnole. Ce n´est pas un divin hasard si aux quatre coins du Monde arabe, la même fièvre a saisi la jeunesse de la même façon qu´éclataient aux quatre coins de l´Algérie les émeutes du sucre et de l´huile. Il suffit de regarder en arrière pour comprendre: le sénateur Kennedy qui n´était pas encore J.F.K., condamnait le colonialisme français en Algérie. Ce n´était sûrement pas par amour des Algériens. Aujourd´hui, un chef de l´opposition libyenne s´exprime courageusement à partir de...la Louisiane. Décidément, il y a des coins de la diplomatie américaine que même WikiLealks n´arrive pas à soulever!