Le voyageur iranien qui a débarqué à Alger ignorait la loi sur la charge et surtout les audiences pénales... Djoker Hidayetallah est un Iranien qui débarque du pays de la perfide Albion sur l´aéroport Houari-Boumerdiène de Dar El Beïda d´Alger. Il débarque, et en toute bonne foi, il le dira plus tard à Selma Bedri, la présidente de la section correctionnelle d´El Harrach (cour d´Alger), il oublie de déclarer les 10.000 euros qu´il avait sur lui. Et à Houari- Boumediene, on ne badine jamais avec les omissions, les oublis, les ratés et autres trafics. Manque de pot, l´inculpé qui ne parle que perse et anglais va âtre entendu par la juge du siège avec les moyens du bord, tard dans la soirée de mardi, d´un hiver 2011, pas du tout doux. Au bord de la révolte, Maître Kenza Lemlikchi, l´avocate de l´inculpé d´infraction au change, regrette l´absence d´interprète ce qui aurait peut-être permis au tribunal de mieux comprendre le dossier où se trouvaient tous les documents légaux, authentiques qu´adore parcourir un juriste comme le conseil qui a réclamé la relaxe. Mais nos juge du siège sont plutôt proches de la répression, que de la pédagogie et donc de l´écoute. D´ailleurs, les débats bien conduits par Bedri auront permis à Maître Lemlikchi d´étaler une panoplie de documents authentiques dont les attestations émanant d´institutions britanniques, juste de quoi convaincre le tribunal de suivre la démarche de l´inculpé et de son avocate qui a déploré l´absence d´interprète à la barre, une absence qui commence à bien faire, surtout si l´on sait que les interprètes, une fois avisés à temps, sont constamment présents aux audiences. Y a un os à ôter au plus vite! Pour ce qui est de l´inculpé du jour, il est à signaler que nombreux vices de forme avaient été dénoncés par la défense, comme par exemple, ce procès-verbal dressé par les douaniers un procès-verbal qui n´a jamais été paraphé par l´Iranien. D´ailleurs, ce dernier qui sait, comme tout intellectuel, que nul n´est censé ignorer la loi, surtout en informant le tribunal, qu´en descendant de l´avion, à Alger, il ne connaissait pas les lois locales, en l´occurrence, déclarer tout ce qu´il avait sur lui comme argent, voire devises sur ce chapitre, Maître Lemlikchi, a su présenter l´oubli, l´omission, le raté de manière fort élégante. En suivant son plaidoyer long, explicite et surtout en s´appuyant sur le droit, nous avions saisi le fait qu´elle avait bien expliqué à son client toute sa démarche, comptant sur l´attention de la jeune présidente d´El Harrach et donc, en quelque sorte, elle pouvait tendre la main à l´Iranien en lui accordant de larges circonstances atténuantes. Il n´y eut rien de tout cela. Malheureusement, dans nos juridictions, lorsqu´il s´agit de la Douane, il n´y a rien à espérer. C´est non seulement la condamnation, mais encore est surtout l´inévitable amende infligée. Alors à quoi bon aller en justice? Pourquoi, dans ce cas, ne pas infliger l´amende au port ou à l´aéroport et faire l´économie de poursuites audiences, avocat, etc. Or, dans ce dossier il n´y avait même pas lieu de circonstances atténuantes, car l´inculpé n´avait aucune mauvaise intention. C´est pourquoi la peine de prison assortie du sursis appuyée d´une amende de 170.000 DA auront été le verdict d´un malheureux dossier...