Mercredi 21 avril c'est la consternation, la douleur est, comme à l'accoutumée, l'élan de solidarité populaire qui prend le relais pour exercer son magistère. Au niveau gouvernemental c'est le branle-bas de combat. Collant à l'épicentre du séisme par habitude, le malheur qui en surgit se répand comme une traînée de poudre à travers toute l'Algérie. Le deuil s'amplifie, la douleur également et les programmes de travail sont perturbés. Il s'ensuit alors des comportements obéissant aux circonstances. On a vu le chef de l'Etat se rendre la nuit au chevet des rescapés. Il n'était pas le seul. Toute la classe politique en fait, avait eu ce réflexe. Les uns pour partager le sort cruel des victimes du séisme, les autres, plus enclins au prosélytisme, ont reparu spontanément pour exploiter la douleur des rescapés. Suivez mon regard. Fort heureusement, il existe des gens libres de tout, outre leur activité du jour, ils ont passé la moitié de la nuit de mercredi à jeudi, à sillonner les routes pour se rendre dans les villes et villages de la région où la secousse a commis sa cruauté, pour apporter leur soutien moral à la population sinistrée. Parmi ces personnalités, il y avait Ali Benflis qu'on ne peut soupçonner de vouloir exploiter le malheur des autres à son profit pour des raisons de probité qu'on ne peut pas lui reconnaître. Le lendemain, Benflis se rend à Bel Abbes pour y rencontrer les élus du FLN dans le cadre d'une rencontre reportée par deux fois. Pour la circonstance, il y avait bien sur les grandes lignes, qui se voulaient explicatives sur le travail de modernisation auquel, en peu de temps, est arrivé le FLN. De même qu'il aurait voulu rendre plus intelligible le concept de démocratie participative telle que le FLN voudrait qu'elle serve de nouveau credo à ses progressions multiples depuis deux ans. C'eût été sûrement un beau débat en perspective avec les élus. Or, Benflis, que la sensibilité n'a fort heureusement pas épargné, a eu la présence d'esprit de coller à la réalité du moment, en orientant son court discours sur les souffrances de ses concitoyens et l'élan de solidarité qui doit en découler. Conséquence, il exhorte les militants présents dans la salle à se serrer les coudes pour prendre à bras le corps la douleur de leurs concitoyens de la région d'Alger, affectés par le séisme. Le soir, il rentre à Alger pour aller amplifier l'élan de solidarité inauguré la veille. Le lendemain, vendredi, le revoilà à Oran avant de prendre la route pour Mostaganem où il devait, outre rendre visite aux militants du Front de libération nationale, calendrier oblige, régler aussi un conflit organique qu'un ancien militant excommunié, ne cesse depuis quelque temps de perturber. Un certain Affif, un affilié du groupe Tou et consorts, ne cesse de vouloir replacer le FLN sur l'orbite de la rente et la langue de bois. Pour éviter que la confrontation ne dégénère en bagarre, Ali Benflis a choisi de ne pas se rendre à Mostaganem en attendant que les acrimonies téléguidées se calment.