Le Premier ministre a dénoncé ceux qui ont tenté l'”exploitation politicienne de la détresse des sinistrés”. Depuis le pupitre de l'Assemblée nationale, le Chef du gouvernement a réitéré les principaux engagements pris par les plus hautes autorités du pays, et à leur tête le président de la République, sur le relogement des sinistrés. “Je ne m'engage pas seulement, je fais le serment que toutes les familles sinistrées ne passeront pas l'hiver sous les tentes”, a-t-il affirmé en réponse aux interrogations des députés, exprimées lors du débat général autour du programme du gouvernement. Dans son exposé, Ouyahia a estimé que l'Etat a déployé d'importants efforts pour faire face aux conséquences de la catastrophe tout en dénonçant ceux qui ont tenté “l'exploitation politicienne” de la misère et de la détresse des familles de victimes. Dans son plaidoyer, il a mis en exergue la mobilisation et le déplacement sur le terrain des hauts responsables de l'Etat, dès les premières heures qui ont suivi la tragédie. Le chef de l'Exécutif n'a pas apprécié ceux qui pensent que l'Etat a failli à sa mission, même s'il reconnaît que des insuffisances sont à relever dans l'opération de prise en charge des sinistrés. Il a, au passage, défendu la démarche du président de la République et les efforts du gouvernement qu'il préside depuis le 5 mai dernier. “Le président de la République s'est déplacé sur les lieux de la catastrophe et certains ont osé dire qu'il fait de la campagne électorale”, a- t-il lancé à l'adresse de ceux qui se sont employés à minimiser les efforts des autorités en les assimilant à des actions électoralistes. Le chef de l'Exécutif a dénoncé la récupération politique à laquelle s'adonnent certains milieux politiques — les islamistes notamment — sur les décombres des bâtiments et les cadavres des victimes en qualifiant ce comportement de “politique des cimetières” (siassatou al maqaber). Le Premier ministre est allé jusqu'à faire l'aveu qu'au jour du cataclysme, l'Algérie ne disposait que de 2 000 tentes. Ahmed Ouyahia a donné tous les chiffres concernant cette catastrophe. Un bilan qui reste, malheureusement, provisoire. S'agissant de l'opération de relogement, principal souci des pouvoirs publics, il dira : “Tous les sinistrés seront progressivement relogés”. Il a rappelé, à ce propos, que près de 6 000 logements et des cabines sahariennes seront affectées à cette action. Le recours à ces cabines “n'est qu'une étape transitoire”, a-t-il d'ailleurs observé. Et de fournir quelques précisions, afin de remettre les pendules à l'heure : “Ce sont les sinistrés eux-mêmes, a-t-il dit, qui doivent faire barrage aux opportunistes ou aux faux sinistrés.” Il prévient, au passage, ceux qui ont pour habitude de profiter des catastrophes : “Celui qui n'a pas droit au logement ne sera pas relogé.” Et d'ajouter : “Ce n'est pas dans le drame de tout un peuple qu'on règle les problèmes personnels.” Sur un ton solennel et ferme, Ouyahia conclut, tranchant : “La priorité sera donnée aux vrais sinistrés.” Le Chef du gouvernement a également parlé de l'amélioration des conditions de vie dans les tentes, où près de 135 000 Algériens sont logés. Ahmed Ouyahia n'a pas omis de saluer l'élan de solidarité et l'engagement des jeunes dans les opérations de secours et de sauvetage dès les premières heures de la catastrophe. Il a également rendu un hommage appuyé aux pompiers, aux éléments de l'Armée nationale populaire et aux différents corps de sécurité. L'exposé du Premier ministre sur le chapitre de la prise en charge des sinistrés sonne à la fois comme un rappel des efforts de l'Etat sur cette question et un dernier avertissement à l'adresse de ceux qui mettent à profit les douleurs et les malheurs à des fins électoralistes. C'est un rappel à l'ordre, avant que des dispositions pratiques ne soient engagées sur le terrain contre ceux qui ont pour habitude de “nager en eau trouble”. Sur la base de ces résolutions proclamées sans ambiguïté ni hésitation, les pouvoirs publics vont-ils poursuivre une gestion de l'après-séisme, qui fera oublier le scénario de Bab El-Oued ? M. A. O.