Quand surviennent les ténèbres de la nuit, et que Sonelgaz « s'ingénie » à laisser les sinistrés dans le noir, les citoyens déjà rudement traumatisés par les énièmes répliques du séisme de mercredi dernier, ont peur. Une peur-panique, indescriptible et contre laquelle tout s'avère inutile. Entrer dans son immeuble, gravir les marches pousser la porte de son logement sont désormais un acte, non de courage, mais d'une téméraire inconscience. Aussi, nombreuses sont les personnes qui, sous la pluie battante, ont déserté leur maison pour passer la nuit souvent à la belle étoile. Les familles, sous des abris de fortune, une bâche en plastique le plus souvent, attendent ce je-ne-sais-quoi ! Les enfants, surtout les bébés, le regard innocent et apeuré par la panique des adultes, ont compris que l'heure est grave et se font encore plus petits. L'heure n'est plus aux cris intempestifs et aux pleurs sans raisons. Tadmaït, Draa Ben Khedda, Tizi Ouzou, Tigzirt, Sidi Naâmane, autant de lieux, où règnent angoisse et peur. Lors de la dernière réplique, celle du mardi 27 mai à 18h10, les citoyens ont vite fait de se retrouver dans la rue. Décidément, à la nature capricieuse se mêle la pluie et bien que tout le monde soit mouillé jusqu'aux os, les gens n'ont qu'une pensée: que deviennent les sinistrés sous cette pluie? En fait, aussi bien à Dellys qu'à Sidi Daoud ou encore à Bordj Ménaiel, ou dans certaines autres localités où le séisme a durement frappé, il existe encore des familles entières qui recherchent un abri. Souvent, une toile cirée fait office de tente. A Bordj Ménaiel, mardi dernier à 18h, les tentes ne sont pas toutes montées et la pluie est venue compliquer la situation dominée par la panique et l'effroi. Dans la wilaya de Boumerdès, le séisme a fait des centaines de morts, des milliers de blessés et une foule incalculable de sans-abri, mais dans celle de Tizi Ouzou, les dégâts, outre certaines fissures dans quelques bâtiments, le séisme a été ravageur au niveau des esprits. Que ce soit aux 450 Logements de la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou, ou encore dans les autres quartiers de la ville des Genêts où la secousse tellurique et ses répliques ont secoué les bâtiments et les hommes ou encore à Tadmaït, Draa Ben Khedda, Tigzirt où plusieurs familles ont passé la nuit à la belle étoile, la frayeur est partout présente. Une frayeur bien compréhensible, et que d'aucuns, inconscients ou machiavéliques, mitonnent et propagent à souhait, avec des rumeurs souvent impossibles. «Il semble que...», «Il paraît que...», «On m'a dit que tel professeur a dit telle chose sur telle chaîne de télévision...!». Comment lutter contre ce genre de «désinformation?» Outre cet aspect des choses, déjà en lui-même, bien malheureux, ce sont l'indignation et la colère que l'on rencontre un peu partout, notamment dans les zones déclarées sinistrées à Tizi Ouzou.