Ils sont des centaines à être dépêchés sur les lieux du sinistre. Chargés au lendemain du séisme du 21 mai par les pouvoirs publics de se prononcer sur l'état des constructions situées dans les zones sinistrées, ces experts n'arrivent pas à convaincre du bien-fondé de leur expertise. Ils sont des centaines à être dépêchés sur les lieux du sinistre. En principe comme l'avait déclaré à la Chaîne III Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, le contrôle des bâtiments s'effectuera sur deux phases. La première est une phase préliminaire durant laquelle l'expert fait une évaluation visuelle des dégâts sans utiliser ses instruments de mesure. Après cet examen, il apposera une croix verte si la bâtisse est indemne, orange si des réparations doivent être faites, rouge si la démolition s'impose. Dans la deuxième phase, l'expert viendra avec ses instruments de mesure et devra vérifier scrupuleusement si telle construction a été placée dans la catégorie correspondant à son état réel. Or, il en est tout autrement sur le terrain, du moins si l'on s'en tient aux remarques faites par beaucoup d'habitants de ces logements abandonnés précipitamment durant cette maudite soirée du 21 mai. «Un expert est venu de Sétif lundi dernier, il a regardé très rapidement, ensuite il nous a dit que nous pouvions rejoindre notre logis», raconte ce propriétaire d'une habitation sise au 2, rue Ahmed-Meflah à Bordj Menaiel. Ce propriétaire nous a introduits dans la cour et nous avons pu constater l'ampleur des dégâts, et à vrai dire la crainte de ce citoyen est tout à fait légitime. «Nous avons même invité cet expert à passer la nuit avec nous dans cette bâtisse, mais il a décliné l'invitation», ajoute notre interlocuteur. Même scénario dans la cité Bousbaâ située dans la même ville. «L'expert nous a dit que nous pouvions regagner notre appartement, heureusement que nous ne l'avons pas fait, car le lendemain une deuxième secousse a aggravé les dégâts», nous a affirmé ce citoyen qui nous a ouvert les portes de son ancien appartement. Nous avons pu constater que tous les murs séparant les différentes pièces étaient carrément fissurés et menaçaient de s'effondrer. Point n'est besoin d'être clerc pour dire que vu l'ampleur des dégâts, la réfection, qui devra du reste toucher l'ensemble de l'immeuble, reviendra certainement plus cher que la construction d'un nouveau. A Reghaïa, dans la cité 216 Logements, Karim habitait dans l'appartement du milieu. «L'expert est venu, il m'a dit que je pouvais rejoindre mon appartement, alors qu'il a dit à mes deux voisins de palier (à ma gauche et à ma droite) qu'ils devraient quitter le leur.» L'immeuble en question n'est pas beau à voir, nombre de murs se sont écroulés et c'est tout un chantier qui devra être lancé pour la réfection. La question qui mérite d'être posée est de savoir pourquoi ces experts conseillent aux citoyens de rejoindre leur appartement alors que la deuxième expertise promise n'a pas eu lieu. En effet, beaucoup de gens qui se plaignent, n'ont guère signalé d'expertise avec appareils de mesure. Plus grave encore, des présidents d'APC de certaines localités, se substituant à ces experts, ont invité, dit-on, les citoyens à rejoindre leurs anciens logis. En outre, une autre frange de citoyens, généralement habitant Alger ou des sites moins touchés, attend impatiemment la visite de ces experts pour savoir si elle doit garder ou quitter son habitation. Mais là encore, les pouvoirs ont fixé des priorités en se concentrant sur les zones sinistrées. C'est pourquoi les pouvoirs publics sont appelés à faire plus d'efforts pour faire parvenir l'information aux citoyens.