Virée de nuit dans les zones sinistrées de Rouiba et Réghaïa, en passant par Bordj el-Kiffan et Dar el-Beïda. Il est 19 heures et il fait encore jour en cette fin de mai. Les journées sont longues. Vus de l'autoroute Est, les bâtiments donnent l'impression d'être debout et l'on se dit que tout va bien. La zone industrielle de Rouiba-Réghaïa est éclairée. Les lampadaires de la voie publique, au loin sont allumés et cela renforce le sentiment de «normalité». Lorsqu'on entre dans les agglomérations, en empruntant la bretelle qui relie l'autoroute à Réghaïa, c'est un autre paysage qui s'offre à nos yeux. D'abord, les ruines des bâtisses effondrées forment des monceaux de gravats sur le sol, parfois de ce qui fut, il n'y a pas longtemps, de superbes demeures abritant les rires et la joie de vivre. Aux environs de la gare ferroviaire, il n'en reste que la triste désolation, le deuil, une atmosphère de mort qui rôde, malgré les efforts des vivants qui se disent: «La vie continue», mais on n'efface pas en un tour de main une douleur aussi forte.