A la veille du Ramadhan, alors que la criminalité a souvent tendance à prendre l'ascenseur pour s'établir à des niveaux record, la tolérance zéro est d'ores et déjà décrétée. Délinquance, incivilité, criminalité et violence, «désormais, il faut que la crainte change de camp». La Gendarmerie nationale change de tactique à l'encontre des délinquants et des criminels. Dorénavant, la stratégie consiste à étouffer le serpent dans son antre. C'est ce qu'a laissé comprendre le colonel Taïbi Mustapha, commandant du groupement d'Alger de la Gendarmerie nationale, à l'issue d'une opération coup de poing organisée dans la nuit de mercredi à jeudi dernier à travers les quartiers de l'Algérois. A la veille du Ramadhan, alors que la criminalité a souvent tendance à prendre l'ascenseur pour s'établir à des niveaux record, la tolérance zéro est d'ores et déjà décrétée. Premier constat: le stade de violence généralisée chez les mineurs est encore très loin, car les foyers de la délinquance sont connus et s'éteignent un à un. Mais il faut admettre néanmoins qu'au sein des grandes villes des centaines de mineurs et récidivistes donnent du fil à retordre à la justice. La preuve: à la suite des opérations menées les 21 et 22 août 45 personnes ont été placées en garde à vue, dont 10 immigrants clandestins. L'heure affiche 17h passées ce mercredi. Nous nous dirigeons en 4x4 vers la compagnie de Dar El Beïda, avant de nous rendre au lieudit «Bateau cassé» de la circonscription de Bordj El Kiffan, foyer de délinquance par excellence. Plages, chalets et commerces illicites, les éléments de la Gendarmerie nationale ont du pain sur la planche. Il ne sont pas restés inactifs pendant la saison estivale. Plan Delphine par-ci, opération antidélinquance par-là et patrouille permanente, la Gendarmerie nationale a repris du terrain sur la violence et les débordements connus pendant les saisons de chaleur. Arrivés au carrefour de «Bateau cassé», deux mineurs tombent dans un guet-apens. Recherchés par les services de la gendarmerie pour vol de la somme de 1400.000 DA, les deux individus ont été pris dans le filet et devront être présentés au procureur de la République aujourd'hui. Filtre à l'entrée d'Alger Il fait gris et frais, mais les routes menant vers les plages sont engorgées de files interminables de voitures. «Il y a un sentiment de sécurité qui s'est installé cette année», estime Khalfa Mohamed, chef de brigade de l'ex-Fort de l'Eau. Les chalets construits pour abriter les sinistrés du séisme du 21 mai 2003 ont été repeuplés. On dit que ce repeuplement s'inscrit dans le cadre de la lutte contre les bidonvilles, mais dont la réalité semble être tout autre. Ce n'est un secret pour personne. Le repeuplement n'a fait qu'accroître le nombre d'habitants et, par ricochet, le nombre de problèmes liés à l'insécurité et à la délinquance. Si les incidents majeurs ont été délogés des lieux, cela l'a été grâce aux efforts supplémentaires des services de l'ordre. Les gendarmes ne ferment pas l'oeil. Mais si les autorités concernées ne se décident pas à mettre un terme à ce semblant de repeuplement anarchique, les lieux risquent bel et bien de devenir des zones criminogènes par excellence. Il est facile de faire le constat sur place. Nous quittons «Bateau cassé» pour prendre la route du Hamiz. Les patrouilles chargées d'assurer la sécurité, de traquer les criminels et les délinquants se sont retrouvées face à un nouveau fléau. Le trafic de sable et le commerce illicite. On a tendance à qualifier la RN 145, reliant les localités de Bordj El Kiffan et Bordj El Bahri à El Hamiz, de «route du crime» car, dans le passé elle a été le quartier général des agresseurs à l'arme blanche. Ce n'est pas étonnant lorsqu'on sait que sur les deux bordures de l'oued Hamiz, quelque 1500 bidonvilles sont illégalement implantés. «La présence de la gendarmerie a permis de résoudre de gros problèmes.» C'est la certitude d'un chef de brigade qui explique que grâce à des patrouilles jumelées, les lieux ont été peu à peu «nettoyés» des récidivistes. Il y a eu aussi, selon notre interlocuteur, ce qu'on appelle les renforts des GIR (Groupes d'intervention de Réghaïa). Cette mission de sécurisation publique est faite par des patrouilles permanentes, des barrages fixes composés de 6 à 8 agents et dressés aux entrées et sorties des villes. A Rouiba, la porte est d'Alger, la mission, si difficile, de sécuriser la capitale dès son entrée est assurée par le tout jeune commandant de compagnie, Boukhenfouf Réda. Jeune mais ferme et expérimenté pour mener à bien sa mission grâce à son passage en RD Congo avec les Casques bleus des Nations unies où il était chargé de mission. Des détails qui ne sont peut-être pas utiles pour les besoins du reportage mais mettent en exergue l'expérience acquise avec pour finalité de braquer les projecteurs sur une réalité: la GN se rajeunit et se modernise. Opérations multiples La compagnie de Rouiba est utile. Tout d'abord, elle filtre et assure la sécurisation de la capitale, ensuite, outre la chasse aux délinquants, elle traque les commerçants défaillants. Efforts et effectifs doublés. Mission difficile. Le barrage de sécurité dressé sur l'autoroute menant vers la capitale est important à plus d'un titre. Il suscite, certes, le courroux des automobilistes souvent pressés d'arriver à l'heure, «mais il est le filtre qui sert à sécuriser la capitale, d'autant que les criminels sont passés à d'autres méthodes plus redoutables du crime organisé», nous explique un lieutenant arrivé en renfort. Il est donc selon lui nécessaire de développer d'autres moyens aux fins de faire front à ces nouvelles méthodes criminelles. Le barrage est équipé d'un radar et d'un détecteur de TNT. Il est le second après celui érigé à la sortie de la wilaya de Boumerdès. Celui-ci est appelé à enregistrer les renseignements parvenant du premier barrage et agir en fonction de l'alerte. Il fait déjà nuit. Pour nous la mission est presque achevée, tandis que pour les éléments de la GN il n'est pas question de quitter les lieux. Nous nous dirigeons vers le point de rencontre avec les autres patrouilles. A Staouéli. Un point de presse récapitulatif à 23 heures. Le colonel Taïbi Mustapha, commandant du groupement d'Alger de la Gendarmerie nationale, fait le point. Des opérations menées contre les foyers de la délinquance pendant les journées des 21 et 22 août, il a été procédé à l'identification de 1814 personnes, dont 1659 ont été libérées, 110 PV établis et 45 individus retenus en garde à vue, dont 10 immigrants clandestins. Les services de la Gendarmerie nationale ont pu saisir, à la suite de la même opération, 9 grammes de kif traité, une boîte de psychotropes, 18 armes blanches, 3393 bouteilles de boissons alcoolisées d'une valeur de 67 millions de centimes, une moto et une somme d'argent d'une valeur de 95.100 dinars. Quant aux principales affaires traitées depuis le début du mois en cours, les compagnies relevant du commandement d'Alger ont arrêté à Zéralda une bande de criminels ayant été à l'origine d'une agression sexuelle contre une femme. Ces derniers ont été présentés au procureur de la République près la cour de Koléa. Le 5 août, la brigade de Beni Mered (Blida) a pu mettre la main sur la somme de 6,5 millions de dollars en fausse monnaie. Cette affaire a été achevée par l'arrestation d'immigrants clandestins ivoiriens à l'origine de l'arnaque dont a été victime un Algérien. La Gendarmerie nationale a procédé également, dans le cadre de la lutte contre les constructions anarchiques, à la destruction de 29 habitations à Aïn Benian. Ils ont arrêté également un récidiviste dont le but n'est autre que d'agresser les citoyens dans la forêt de Baïnem. Ce dernier a été arrêté et présenté mercredi dernier au procureur de la République près la cour de Chéraga. Dans le cadre du plan de sécurité routière, les services de la GN ont mis en fourrière 55 véhicules. Le nombre des retraits de permis pendant ces 48 heures est monté jusqu'à 632. Mission accomplie. 23 h passées. C'est l'heure de rentrer après une mission de plus de 6 heures avec les patrouilles de la Gendarmerie nationale. Le lendemain, les compteurs sont remis à zéro. Une nouvelle journée de travail. L'oeil ne se ferme guère.