Cette reddition met fin à onze longues années de cavale et de crimes. De sources sécuritaires sûres et bien informées, nous apprenons que Leslous, bras droit de l'émir Abdelkader Saouane, s'est livré il y a quelques jours aux autorités. Nos sources ne précisent pas dans quelles conditions s'est effectuée cette reddition et si ce terroriste, activement recherché depuis de nombreuses années, a bénéficié ou pas des termes de la loi portant concorde civile. Une loi censée n'avoir plus cours, selon le Chef du gouvernement, au moment où le Président Bouteflika, dans son dernier discours à la nation, soutenait le contraire et remettait même au goût du jour la notion de «concorde nationale». C'est la reddition la plus importante enregistrée dans la haute hiérarchie du Groupe salafiste pour la prédication et le djihad. Ce groupe terroriste, qui donnait au contraire l'air d'avoir le vent en poupe avant cette reddition, a enregistré pas moins de vingt nouvelles recrues depuis le mois de janvier dernier. Originaire de Derrag, ce lieutenant de Saouane, la quarantaine, ancien enseignant, a pris le maquis de djebel Ellouh (sud-ouest de Médéa), en 1992, et activait d'abord en qualité de chef de zone de Aziz sur l'axe Derrag-Khemis Miliana. Toujours maintenue secrète pour des raisons tant stratégiques que sécuritaires, cette défection constitue un coup dur pour le Gspd, et permettra assurément de fournir aux forces de sécurité de précieuses informations pouvant établir une carte plus précise de cette phalange à l'origine de toutes les embuscades et faux barrages meurtriers commis dans la région et ayant coûté la vie à des dizaines d'éléments des forces combinées, particulièrement à travers l'axe routier Derrag-Khemis Miliana. La réponse à la question de savoir si les aveux du repenti pourraient conduire vers la tanière de Saouane est difficile puisque, rapportent nos sources, des redditions signalées il y a plusieurs mois, dont celle du propre frère de Saouane (pour des raisons de santé) n'ont eu aucune incidence sur le Gspd. Les observateurs de la scène sécuritaire locale penchent plutôt pour la reddition de l'émir du Gspd et dont Leslous serait le premier clignotant. D'importants coups de filets au sein du groupe, auront lieu à la suite de grandes opérations de ratissage programmées dans les prochains jours. A moins que cette information ne vienne annoncer une reddition totale de tout le Gspd. L'hypothèse paraît d'autant plus probable qu'il est difficile d'imaginer que le numéro deux de la hiérarchie puisse fausser compagnie à une phalange où quelque 200 activistes sont liés par des liens familiaux et tribaux qui expliquent comment, depuis 1992, les pertes du Gspd se résument à une dizaine d'éléments, dont le groupe Hbel piégé dans une ferme à Boukmouri (Aziz). Y a-t-il eu initiative de bons offices de Sid Ali Belhdjar pour ramener Saouane vers la concorde nationale, comme il a tenté de le faire en 1997? C'est possible d'autant que l'ex-émir de la Lidd jouit, explique-t-on, de la confiance de l'ancien prédicateur de Derrag. Si cela se confirme, la région sud-ouest de Médéa renouera avec une paix durable.