Les Algériens ont surpris tout le monde en gardant foi en Moumène au plus fort de la cabale dont il est victime. Le sondage du prestigieux Immar (International Medias and Market Research) a eu ceci de positif qu'il a eu pour effet d'ouvrir les yeux des décideurs et des futurs candidats à la présidentielle sur certaines vérités premières que beaucoup avaient eu tendance à perdre de vue. Pas moins de 1392 Algériens, représentant un échantillon bien réparti géographiquement et sur la pyramide des âges, a clairement signifié que très souvent les apparences peuvent se révéler trompeuses. Ainsi, le Président Bouteflika, tant décrié par certains cercles qui lui sont hostiles, mais qui sont loin d'avoir quelque emprise sur la société, arrive-t-il loin devant parmi les personnalités jugées les plus aptes à redresser le pays. Cela n'est pas pour étonner les observateurs avertis, qui savent quel chemin a été parcouru depuis son arrivée à la tête de l'Etat algérien en avril 99. Ce qui étonne, en revanche, agréablement il faut le dire, c'est bien le fait que Abdelmoumène Khalifa, seul homme d'affaires au sein d'un imposant panel d'hommes d'affaires, trônant fièrement à la cinquième place, avec 11,5 des sondés qui lui sont favorables, après des gens comme Ali Benflis, Abdallah Djaballah et Louisa Hanoune. Sondage, qui plus est, a été réalisé du 24 février au 2 mars dernier, c'est-à-dire au plus fort de la campagne visant à miner ce groupe qui a rendu, un certain temps, espoir et sourire, aux jeunes Algériens. Moumène devance même des hommes aussi charismatiques et probes que Ahmed Taleb Ibrahimi et Hocine Aït Ahmed. La leçon, puisque Ouyahia parlait de leçon devant les députés de l'APN, c'est bien que les Algériens ont cru en la réussite éclatante d'un jeune capitaine de l'industrie à l'ombre d'une économie de marché transparente et claire. Cela n'a pas été le cas. Les systèmes claniques basés sur les intérêts étroits des uns et des autres ont eu raison de ce jeune entrepreneur ainsi que des millions de rêves brisés de cette jeunesse dont le message et la leçon future ne pouvaient être plus clairs. Autre surprise de taille dans ces soubresauts de l'histoire, Ahmed Ouyahia, actuel Chef du gouvernement, qui arrive en queue, loin derrière les autres, puisque seuls 4,3 Algériens sur 100 pensent qu'il serait la personnalité algérienne la plus apte à redresser le pays. Cet homme, qui a connu ses heures de gloire et sa traversée du désert, a eu sa revanche sur ses adversaires et sur le sort «grâce» au différend politique apparu entre le Président et son ancien directeur de campagne. Mais, les faits, têtus, ne croient pas que cet homme puisse être l'homme de la situation...