Le G8 s'est achevé sans véritable surprise réitérant un certain nombre de principes qui n'engagent à rien. Si Evian a permis aux dirigeants des grandes puissances, réunies en sommet, de s'expliquer et d'aplanir leurs différends, elle n'a, en revanche, pas totalement répondu aux attentes des pays en développement. Aussi, le communiqué de clôture s'est-il voulu plus un message de confiance dans la croissance économique mondiale que réellement une véritable prise en charge des préoccupations et problèmes qui menacent de manière patente les équilibres internationaux. Aussi, si les grands ont pu trouver ce qu'ils sont venus chercher à la station balnéaire française, il ne peut être affirmé, en revanche, que le cas africain a réellement progressé. Plus soucieux de se rabibocher et de restaurer la confiance entre eux, inquiets des résultats incertains de l'économie mondiale, les Huit n'ont, en vérité, accordé qu'une attention formelle aux problèmes récurrents qui minent le monde et singulièrement le continent africain. Fallait-il, en fait, espérer du G8 plus, lorsque les ondes des répliques du séisme, induit par la guerre contre l'Irak, n'ont pas fini de remodeler la géostratégie du monde? A Evian, cela a été surtout la confirmation de l'unilatéralisme américain quoique George W.Bush ait surtout veillé à arrondir les angles. Néanmoins, le président américain, s'est confectionné un calendrier serré - entre sa participation au tricentenaire de Saint Pétersbourg, le G8, les sommets de Charm el-Cheikh et d'Aqaba - qui lui permit d'abréger son séjour français. De fait, M.Bush n'aura fait que passer à Evian, quittant les travaux 24 heures avant leur achèvement. Quoi qu'on en dise, le sommet d'Evian, où aucune décision importante n'a été prise, montre surtout que le Groupe des Huit n'est plus qu'une rencontre formelle, à la limite approbative des décisions qui se prennent à Washington. Certes, un certain nombre de propositions ont été faites par le G8, mais des propositions qui confinent au voeu pieux lorsque l'on sait que le point de vue des Etats-Unis est devenu prépondérant pour la mise en oeuvre de nombres d'entre elles. Le fait même que le président américain s'est esquivé, à peine arrivé à Evian, dénote du peu d'intérêt que les Américains portent désormais à ce genre de rencontres quand ils ont la mainmise, apparemment totale, sur les affaires du monde. Certes, le G8 s'est prononcé sur un certain nombre d'affaires qui préoccupent le monde tels l'Irak, le Proche-Orient, le nucléaire nord-coréen et iranien, le terrorisme international, le développement et l'Afrique enfin. Mais, l'un dans l'autre, le bilan du G8 d'Evian apparaît bien mitigé et sonne comme une rentrée dans les rangs des grandes puissances européennes, japonaise et russe écrasées par la puissance unipolaire américaine. Ainsi, les Européens, concernés au premier chef par l'actuelle chute du dollar américain par rapport à l'euro et au yen japonais, qui met leurs exportations en péril, se sont pourtant gardés d'évoquer ces fluctuations du taux de change de la monnaie américaine. Sur les autres points à l'ordre du jour, le G8 s'est «félicité» de l'acceptation par les Israéliens et les Palestiniens de la «feuille de route» et marque sa «détermination commune à soutenir sa mise en oeuvre» ajoutant: «Nos discussions ont également montré combien est souhaitable un règlement de paix global incluant la Syrie et le Liban.» Le G8 s'est, par ailleurs, prononcé pour un Irak «pleinement souverain», indiquant: «Notre objectif commun est un Irak pleinement souverain, stable et démocratique, en paix avec ses voisins et engagé sur la voie du progrès», ajoutant: «Nous partageons la conviction qu'il faut maintenant bâtir la paix et reconstruire l'Irak.» Pour ce qui est du nucléaire nord-coréen et iranien le G8 a lancé «un double avertissement» à Pyongyang et Téhéran, tout en adoptant des mesures nouvelles contre le terrorisme, sans que ces mesures soient précisément explicitées. L'Afrique attendait beaucoup de ce G8 «français», mais force est de relever que le résultat est en deçà des attentes. De fait, dans une déclaration faite hier à l'issue du sommet, le président français, Jacques Chirac, avait reconnu à propos de l'Afrique et notamment pour ce qui est du volet agricole africain que les choses n'ont pas avancé admettant: «Nous n'avons pas progressé autant que je l'aurais souhaité.» Il est vrai que les bouleversements induits par la guerre contre l'Irak ont fragilisé les positions des grandes nations qui ne sont plus en situation d'agir en tant que facteur d'équilibre dans le monde. Aussi, le G8, dont le prochain rendez-vous est fixé en 2004 aux Etats-Unis, tend-il à devenir une rencontre formelle sans incidence sur les grands projets internationaux.