Cette fois, les ârchs se sont réservé de formuler une réponse à chaud. Le conclave extraordinaire de la Cadc, prévu pour jeudi à Azazga, avait été décalé de 24 heures après le décès du délégué de la commune d'Ililtène, Amar Mahrez dans un accident de la circulation. Ce conclave, provoqué pour l'examen de l'invitation au dialogue lancée par Ahmed Ouyahia, devrait permettre aux différentes coordinations locales de se concerter et d'harmoniser leurs positions sur ce thème et ce, avant le conclave de l'interwilayas prévu le week-end prochain à Béjaïa au cours duquel la réponse définitive des ârchs sera donnée. Ainsi, de nombreux délégués ont jugé l'invitation du Chef du gouvernement «positive dans la forme» et contrairement aux précédents épisodes où l'appel au dialogue était souvent biaisé. Cette fois-ci les ârchs se sont réservés pour formuler une réponse à chaud. Pour cela et pendant ce conclave, tous les aspects liés à cette offre seront débattus. A ce titre, tout porte à croire que les ârchs conditionneront leur acceptation de la proposition d'Ouyahia. Des conditions qui se résument notamment à la libération préalable des détenus ainsi que la prise en charge du contentieux avec Sonelgaz. Ainsi, les ârchs, jadis hermétiques à tout contact avec le pouvoir, semblent revoir leur copie et marquer une évolution positive, si l'on se réfère à leur hostilité par le passé à tout ce qui émane de ce même pouvoir. Pendant ce temps, Tizi Ouzou et particulièrement le quartier des Genêts a renoué mercredi, en début de soirée, et jeudi en milieu d'après-midi, avec l'effervescence. L'interpellation de deux jeunes de ce quartier a embrasé de nouveau la rue Ahmed-Lamali, fermée à la circulation pour la circonstance. L'intervention musclée des URS a envenimé la situation. Les policiers ont dû noyer sous un immense nuage de gaz lacrymogènes tout le quartier pour disperser les manifestants. Par ailleurs, les lycéens de Tizi Ouzou maintiennent toujours la pression pour exiger des pouvoirs publics le report de l'examen du baccalauréat. Hier, les élèves des classes terminales, appuyés par la fédération des associations des parents d'élèves, les ârchs et quelques enseignants, ont marché au chef-lieu de la wilaya. La manifestation qui s'est ébranlée du carrefour du 20-Avril a rassemblé quelques centaines d'élèves des localités sinistrées. Arrivés au siège de la direction de l'éducation, les protestataires ont buté sur le refus du DE de les recevoir. Pour aujourd'hui, les lycéens prévoient d'appeler au boycott, voire à l'empêchement de l'examen. Pour sa part, le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), a rendu publique une déclaration hier, dans laquelle il interprète le dialogue, version Ouyahia, comme «un nouveau simulacre en perspective de l'élection présidentielle de 2004». Pour cela, le mouvement de Ferhat Mehenni estime que «le mieux auquel doit répondre le Premier ministre, c'est d'abord à des choses simples comme l'appel des lycéens au report du bac dans les wilayas de la Kabylie touchées et traumatisées par le dernier séisme». Ainsi, à l'heure où tous les regards sont braqués sur Azazga où se décidera le sort de toute une région, Tizi Ouzou vit au rythme de la protesta des lycéens, mais aussi de la recrudescence de l'activité terroriste qui s'est macabrement manifestée mercredi dernier à Béni Douala.